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Marc Desormeaux
Économiste principal
Canada : malgré un bond surprise de l’emploi, le marché du travail continue de se rééquilibrer
Faits saillants
- L’emploi total au Canada a augmenté de 90 000 postes en avril 2024, une hausse beaucoup plus marquée que ce qui était anticipé par les prévisionnistes à la suite du déclin surprise du mois dernier. Le taux de chômage est demeuré inchangé à 6,1 % après avoir commencé à monter à la mi-2022. Le tableau 1 présente les principales données.
- Ce premier résultat du deuxième trimestre a fait légèrement reculer notre prévision pour la croissance annualisée du PIB réel au T2 2024, qui s’établit maintenant à près de 1,5 %. Ce résultat correspond à la dernière estimation de la Banque du Canada (BdC) publiée en avril. Cependant, nous anticipons toujours une progression avoisinant les 2 % au T1, ce qui est inférieur à la plus récente projection de la BdC.
Implications
On dit souvent qu’un mois ne constitue pas une tendance, et la flambée imprévue de l’emploi d’aujourd’hui met l’accent sur la volatilité des résultats du marché du travail à la suite de la baisse du mois précédent. D’autres éléments de ce rapport sont également positifs. Le nombre de postes à temps plein a contribué à près de la moitié de l’augmentation globale, les embauches du secteur privé ont bondi après plusieurs mois de résultats décevants et la variation annuelle des heures travaillées a accéléré par rapport à mars. Bien sûr, ces résultats positifs ne représentent qu’un mois de données, mais leur force a plus que compensé les pertes d’emplois enregistrées le mois précédent, ce qui mettra probablement fin aux discussions selon lesquelles mars était un moment charnière pour le marché du travail canadien.
Du point de vue de la gestion de l’inflation, un nouveau ralentissement de la croissance des salaires est une bonne chose (graphique 1). La BdC analyse les tendances salariales des employés permanents pour évaluer le risque d’une inflation par augmentation salariale. Cela dit, la croissance des salaires pourrait ne pas être encore compatible avec la cible d’inflation de 2 %, comme l’a souligné la BdC en avril.
Malgré la hausse du nombre de postes ce mois-ci, le marché du travail se contracte, car la croissance de l’emploi a été largement inférieure à celle de la population pendant la plus grande partie de la dernière année (graphique 2). La progression de la population du Canada s’est maintenue au-dessus de 3 % à rythme annualisé pour un gain record par rapport à l’année précédente.
Cette augmentation, la plus élevée depuis des décennies, continue évidemment de stimuler la croissance économique, et possiblement l’inflation, mais ce risque pourrait diminuer. Les postes vacants reculent, ce qui réduit les pressions à la hausse sur les salaires. De plus, le plan d’Ottawa de réduire de 20 % la population de résidents temporaires Lien externe au site. devrait freiner le principal facteur des gains démographiques récents au fur et à mesure que l’année avancera.
Par conséquent, nous croyons toujours que la BdC commencera à réduire son taux directeur en juin de cette année. Les pressions sur les prix s’apaisent, le marché du travail se détend et la croissance est jusqu’à présent inférieure aux plus récentes prévisions de la Banque du Canada (l’économie se contractant si on la regarde par habitant Lien externe au site.). Nous sommes d’avis que ces indicateurs devraient l’inciter à adopter une politique monétaire moins restrictive à sa prochaine réunion. Cependant, les données sur l’inflation d’avril 2024, qui seront publiées dans deux semaines, seront un facteur clé dans la réalisation de cette prévision.
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