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Marc Desormeaux
Économiste principal
Canada : la hausse du taux de chômage joue en faveur d’une nouvelle baisse de taux en juillet
Faits saillants
- Le nombre total d’emplois au Canada a augmenté de 27 k en mai 2024, alors que le taux de chômage a légèrement progressé pour s’établir à 6,2 %, poursuivant ainsi la tendance à la hausse observée depuis le milieu de 2022. Le tableau 1 présente les principales données.
- Ces données portent notre prévision de croissance annualisée du PIB réel canadien au T2 2024 à environ 1,8 %, soit un peu plus que la dernière estimation de la Banque du Canada (BdC) publiée en avril.
Implications
Les chiffres globaux sont plutôt faibles. L’économie a continué de générer des emplois, mais la hausse mensuelle du nombre d’heures travaillées s’est amoindrie et les postes à temps plein ont connu leur pire recul mensuel en près de deux ans. Le taux d’emploi au Canada a également chuté à son plus bas niveau depuis la fin de 2021. Les chiffres continuent d’indiquer que la création d’emplois est moindre que ce qui est nécessaire pour maintenir le taux d’emploi stable, car la croissance de la population est la plus importante depuis des décennies (graphique 1). Comme nous l’avons déjà mentionné à plusieurs reprises, c’est un signe que le marché du travail se contracte, ce que la BdC a souligné dans son annonce de mercredi. Lien externe au site.
La croissance de la population, toujours fulgurante, aide plus ou moins l’économie canadienne et les perspectives d’inflation. Elle stimule encore l’activité économique, ce qui pourrait ralentir la désinflation, surtout dans un contexte où l’offre de logements est limitée. Mais elle a également contribué à réduire le nombre de postes vacants et à contenir les pressions haussières sur les salaires. De plus, le plan d’Ottawa de réduire de 20 % la population de résidents temporaires Lien externe au site. devrait freiner le principal facteur des gains démographiques un peu plus tard cette année et pour les années à venir.
Même si l’Ontario a connu les meilleurs gains d’emploi parmi toutes les provinces au cours du dernier mois, on peut affirmer que son marché du travail avait aussi la plus forte capacité excédentaire depuis le début de l’année dernière (graphique 2). L’augmentation du taux de chômage en Colombie-Britannique a aussi largement surpassé la moyenne nationale durant cette période, ce qui est généralement cohérent avec notre point de vue partagé dans les dernières Perspectives provinciales de Desjardins Lien externe au site., selon lequel les économies provinciales les plus sensibles aux taux d’intérêt seront les plus touchées par le ralentissement économique.
L’accélération de la croissance des salaires en mai est moins positive du point de vue du contrôle des pressions sur les prix, mais il y a d’autres points à considérer. La BdC a indiqué cette semaine qu’elle continuait de surveiller la hausse des salaires (malgré des signes de stabilisation graduelle). Toutefois, la BdC s’appuie sur un large éventail d’indicateurs salariaux pour décider de l’orientation de sa politique monétaire, et pour la plupart d’entre eux, le rythme des gains en matière de rémunération est plus modéré. Qui plus est, le fait que les profits des entreprises aient connu une cinquième variation annuelle négative consécutive au T1 laisse présager que les coûts plus élevés des salaires ne se sont pas pleinement transmis aux prix à la consommation.
À terme, les données sur l’emploi de mai ne modifient pas notre opinion selon laquelle la BdC réduira de nouveau son taux directeur en juillet. Même si les pressions salariales demeurent un risque à surveiller, le marché du travail continue de se relâcher et l’inflation s’apaise. La Banque devrait, pour le moment, être satisfaite de ces tendances.
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