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Nouvelles économiques

Canada : les signes d’affaiblissement du marché du travail suggèrent un atterrissage un peu plus mouvementé que prévu

4 août 2023
Marc Desormeaux
Économiste principal

Faits Saillants

  • L’emploi au Canada a reculé de 6 000 postes en juillet 2023, soit une deuxième baisse en trois mois, qui a entraîné une troisième hausse mensuelle consécutive du taux de chômage. Le tableau 1 résume les principales données.
  • Il est encore tôt, mais notre suivi suggère maintenant une croissance réelle annualisée du PIB d'environ 1,25 % au troisième trimestre de 2023, ce qui est légèrement inférieur à la dernière projection de la Banque du Canada (BdC). Cependant, les chiffres sur l’emploi de juillet sont les premières données que nous recevons pour le troisième trimestre, de sorte que cette estimation pourrait encore changer.

Implications

Le communiqué de juillet présente de nombreux signes d’un ralentissement de l’économie canadienne sous le poids des coûts d’emprunt nettement plus élevés. L’emploi dans le secteur de la construction, normalement sensible aux variations de taux d’intérêt, a maintenant fléchi dans quatre des six derniers mois. Le resserrement instauré par la BdC semble donc continuer de fonctionner comme prévu, ce qui devrait la rassurer.

La reprise de la croissance des salaires des employés permanents (graphique) est toutefois un moins bon signe pour les efforts de contrôle de l’inflation. Cette réaccélération est suivie étroitement par la BdC pour évaluer une potentielle inflation provenant d’une augmentation des salaires.

L’augmentation de la population active au Canada est demeurée près de ses niveaux records, ce qui a des conséquences importantes sur la croissance économique et la politique monétaire. La poussée démographique exerce une pression à la hausse sur la demande de biens et de services. Elle devrait aussi accroître l’offre de main−d’œuvre, ce qui soulagerait les tensions sur le marché du travail et pourrait aider à contenir une possible inflation par l’augmentation des salaires. Cela dit, selon les données de Statistique Canada, le taux d’emploi des immigrants récents, qui ont contribué au regain de la croissance démographique observé dernièrement, a diminué par rapport à juillet 2022.

En gros, nous croyons que la faiblesse des données relatives à l’emploi signifie que la BdC n’augmentera pas les taux directeurs lors de sa réunion de septembre. L’activité économique semble ralentir en contexte de hausse marquée des coûts d’emprunt, et nous continuons de penser que les effets des hausses précédentes n’ont pas encore été pleinement ressentis par les consommateurs et les entreprises. Toutefois, la hausse des salaires et le rebond continu de la croissance démographique laissent croire que la BdC restera à l’affût du risque que l’inflation fondamentale persistante perdure encore un certain temps. Cela dit, comme les dirigeants ont manifesté le désir d’éviter un resserrement excessif, nous croyons que la barre pour les hausses supplémentaires est haute compte tenu des récents signes d’affaiblissement de la croissance, de l’emploi et de l’inflation.