- Randall Bartlett
Directeur principal, économie canadienne
Canada : la hausse du taux de chômage en novembre masque la solidité du marché de l’emploi
Faits saillants
- L’emploi total au Canada a augmenté de 51 000 en novembre 2024, soit le double de ce qu’attendaient les prévisionnistes. Le taux de chômage a bondi de 0,3 point de pourcentage, à 6,8 %, en raison de la hausse du nombre de personnes à la recherche d’un emploi. Le total des heures travaillées a légèrement diminué en novembre (-0,2 % sur un mois), surtout en raison des conflits de travail, mais a augmenté de 1,9 % par rapport à l’année précédente. Parallèlement, la croissance du salaire horaire moyen a ralenti pour s’établir à 4,1 % au cours du mois, après avoir repris de la vigueur en octobre. Le tableau 1 présente les principales données.
- Notre prévision de croissance du PIB réel canadien au T4 2024 se maintient dans la fourchette de 2 % à 2,5 % sur une base annualisée à la suite de la publication des données de novembre sur l’emploi, ce qui est généralement conforme aux prévisions de la Banque du Canada (BdC) figurant dans son plus récent Rapport sur la politique monétaire.
Implications
Malgré la hausse du taux de chômage, l’Enquête sur la population active de novembre 2024 indique une solidité soutenue du marché de l’emploi canadien. Le mois de novembre a connu la plus faible progression mensuelle de la population depuis la fin de 2023. Le taux d’emploi a ainsi pu se stabiliser à 60,6 % après six baisses mensuelles consécutives. De plus, avec un plus grand nombre de personnes à la recherche d’un emploi, le taux d’activité a augmenté de 0,3 point de pourcentage pour s’établir à 65,1 % (graphique 1), ce qui a contribué à faire augmenter le taux de chômage du même niveau. Le taux de chômage des jeunes est à l’origine de cette hausse (13,9 % en novembre contre 12,8 % en octobre) après deux baisses mensuelles, bien que celui des travailleurs du principal groupe d'âge actif ait également augmenté de 0,2 point de pourcentage (à 5,8 %, son niveau le plus élevé depuis septembre 2021). Heureusement, c’est ce dernier groupe de travailleurs très actifs sur le marché du travail qui a entraîné la plus forte hausse de l’emploi (+55 000).
Le ralentissement de la croissance de la population par rapport au mois dernier laisse entrevoir le début d’une décélération de l’élan de croissance de la population canadienne. Le gouvernement fédéral prévoit réduire le nombre de résidents permanents Lien externe au site. et non permanents Lien externe au site. admis au Canada au cours des prochaines années. Si cette initiative est mise en œuvre, cela aura un effet négatif sur la croissance globale du PIB réel Lien externe au site., qui a constamment décliné par habitant au cours des deux dernières années, ce qui appuiera les baisses de taux de la Banque du Canada. Si les plans du gouvernement fédéral sont pleinement mis en œuvre, cela représentera également pour la banque centrale un risque baissier considérable sur le plan des perspectives économiques, lesquelles s’appuient sur une croissance forte et soutenue de la population (graphique 2).
Compte tenu du ralentissement de la croissance démographique et du nombre grandissant de personnes à la recherche d’un emploi, la croissance des salaires des employés permanents a décéléré à 3,9 % en variation annuelle par rapport à 4,9 % en octobre (graphique 3). Bien qu’elle demeure nettement supérieure aux plus récentes données sur l’inflation, il s’agit de la plus lente progression des salaires depuis avril 2022. Ce sera une bonne nouvelle pour la Banque du Canada, étant donné que son indicateur le moins fiable commence enfin à se rapprocher de ses indicateurs les plus fiables pour ce qui est de la mesure des salaires. Cependant, comme la croissance de l’emploi est surtout attribuable aux embauches à temps plein dans le secteur public, nos recherches Lien externe au site. précédentes indiquent que la pression sur les salaires pourrait persister pendant un certain temps.
La hausse marquée du taux de chômage en novembre masque la solidité du marché de l’emploi canadien. Compte tenu du nombre exceptionnel d’embauches au cours du mois, de la progression de 2 % ou moins de l’inflation mesurée par l’IPC pour les trois mois se terminant en octobre, et du fait que la croissance du PIB réel au T4 2024 correspond aux prévisions de la BdC, nous sommes toujours d’avis que la Banque du Canada réduira son taux directeur de 25 points de base la semaine prochaine. Cela vient à l’encontre des attentes des marchés et des économistes à la suite de la publication de l’Enquête sur la population active de novembre, qui tendent vers une baisse de 50 points de base lors de l’annonce de décembre. Nous nous attendons à ce que cette réduction de taux soit suivie de cinq autres baisses de même envergure en 2025.
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