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Marc Desormeaux
Économiste principal
Canada : la croissance de l’emploi a commencé 2023 en lion, mais termine en queue de poisson
Faits Saillants
- L’emploi total net est demeuré stable au Canada en décembre 2023, avec une fin d’année timide où plus de 400 000 emplois ont été créés. Le taux de chômage est lui aussi demeuré stable, à 5,8 %, en légère hausse depuis le début de l’année dernière. Le tableau 1 présente les principales données.
- Notre scénario pour le T4 2023 n’a guère changé. Nous nous attendons toujours à une croissance annualisée du PIB réel de près de 0,4 %. Ces chiffres restent inférieurs aux prévisions de 0,8 % de la Banque du Canada (BdC).
Implications
Après avoir dépassé les attentes pendant une bonne partie de 2023, le marché du travail canadien a terminé l’année en queue de poisson. La progression annuelle des heures travaillées s’est accélérée modestement, malgré le ralentissement causé par la grève dans le secteur public au Québec. La croissance de l’emploi s’est toutefois considérablement essoufflée, avec une chute de près de 25 000 postes à temps plein nets en décembre.
Il existe une tendance plus générale et plus importante, toutefois : l’embauche accuse un retard important par rapport au taux de croissance de la population (graphique 1). Ainsi, même si les chiffres d’emploi globaux étaient souvent impressionnants en 2023, le marché du travail se détériore. Une poursuite de cette tendance en 2024 devrait exercer une pression à la baisse sur l’inflation, ce qui est conforme à nos dernières prévisions Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. de gains d’emplois plus modestes, mais tout de même positifs.
La croissance démographique continue également d’avoir des répercussions partagées sur l’inflation et sur la politique monétaire. Si les gains d’effectifs restent aussi spectaculaires, ils risquent de stimuler la consommation et de potentiellement raviver l’inflation, qui suivait jusqu’ici une tendance baissière. Toutefois, dans la mesure où les nouveaux arrivants qualifiés aident à combler les pénuries de main-d’oeuvre, lesquelles s’atténuent mais sont encore présentes dans l’économie canadienne, une explosion démographique peut aussi aider à augmenter l’offre de travailleurs disponibles et à réduire une possible inflation par augmentation salariale.
La hausse des gains salariaux sur un an observée en décembre (graphique 2) est une moins bonne nouvelle en ce qui concerne les efforts de maîtrise de l’inflation. La BdC suit de près les salaires des employés permanents pour mesurer les signes de cette inflation par augmentation salariale potentielle. Les gains de cet indicateur ont frôlé les 5 % sur un an au cours des derniers mois, mais ils se sont accélérés en décembre à un taux plus près de 6 %. Même si la série a eu tendance à être volatile dans le passé, son augmentation met tout de même en évidence le risque de rigidité dans la croissance des salaires, que la BdC devra surveiller de près.
Cela dit, selon notre scénario de base, le ralentissement de la croissance des emplois s’accompagnera d’une baisse du taux de postes vacants, ce qui devrait réduire les pressions salariales à l’avenir. Par conséquent, les données d’aujourd’hui ne changent rien à notre opinion selon laquelle la prochaine mesure de la BdC sera une réduction de taux au deuxième trimestre de 2024 et l’économie canadienne connaîtra un ralentissement au cours des prochains trimestres. L’inflation est à la baisse, et les consommateurs et les entreprises du Canada n’ont toujours pas ressenti pleinement l’effet des augmentations précédentes des coûts d’emprunt.
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