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Commentaire hebdomadaire

D’excellents chiffres d'emploi en septembre? Bof!

11 octobre 2024
Jimmy Jean
Vice-président, économiste en chef et stratège

Un rapport sur l'emploi exceptionnel au Canada? Pas si vite. Certes, l'emploi a augmenté de 47 000 en septembre, dépassant l'estimation médiane du consensus de 27 000. Proportionnellement, il s'agit donc d'un écart par rapport à la prévision consensuelle encore plus important que celui des derniers chiffres de l'emploi aux États‑Unis. Le taux de chômage a baissé d'un dixième de point pour atteindre 6,5 %, ce qui constitue une première baisse depuis janvier. Mais voilà le hic : le rapport d’aujourd’hui fait état d'une augmentation de 110 000 personnes dans la population âgée de 15 ans et plus, soit la quatrième plus forte hausse mensuelle de population jamais enregistrée.

 

On apprécie encore mal le fait que cette croissance massive de la population place la barre beaucoup plus haut pour que toute augmentation de l'emploi puisse réduire de manière significative les capacités excédentaires sur le marché de l'emploi. Et à cet égard, sans surprise, ce rapport n'a pas été à la hauteur. Le taux d'emploi a de nouveau chuté, lui qui a maintenant perdu 1,3 point de pourcentage au cours des 12 derniers mois. La cohorte des 15‑64 ans, qui exclut la plupart des retraités, a connu une variation annuelle record de 7,3 % de la non‑participation (en excluant la pandémie).

 

Le Canada ne résorbe donc pas l’excédent d’offre sur le marché de l'emploi, et il s'agit là d'une différence importante par rapport aux États‑Unis, où le taux d'emploi a augmenté et où la population en âge de travailler qui ne participe pas à la population active est restée stable au cours des quatre dernières années. Par ailleurs, les heures travaillées au Canada ont diminué de 0,4 % en septembre, ce qui représente la troisième baisse en quatre mois, et ce, malgré une solide augmentation du nombre d'emplois à temps plein. Les heures travaillées dans le secteur de la production de biens ont diminué de 1 %, avec des baisses notables dans la construction et la fabrication – deux secteurs hautement cycliques, ce dernier faisant également face à une incertitude accrue à l'approche de l'élection américaine. En définitive, compte tenu de ces résultats pour les heures travaillées, notre estimation de la croissance du PIB pour le troisième trimestre demeure à 1,2 % en rythme annualisé, ce qui est bien inférieur à la prévision de 2,8 % faite par la Banque du Canada en juillet, prévision dont elle a d'ailleurs admis l’optimisme plus récemment.

 

D'autres indicateurs suivis par la Banque du Canada ne sont guère encourageants. Le taux d’obtention d’un emploi reste proche des planchers observés durant les confinements pandémiques et, bien que les cessations d'emploi restent inférieures aux niveaux d'avant la pandémie, la proportion de travailleurs licenciés cherchant un emploi au sein de la population active n'a cessé d'augmenter depuis 2022. Cette tendance mérite d'être surveillée, car les enjeux macroéconomiques liés à l'incapacité des travailleurs précédemment licenciés à trouver un emploi dépassent ceux des nouveaux arrivants qui viennent grossir les rangs des chômeurs, mais dont les obligations financières sont généralement moindres. D’une manière ou d’une autre, il ne fait pas bon être au chômage au Canada, la proportion de chômeurs depuis plus de 27 semaines ayant atteint son niveau le plus élevé depuis sept ans, à plus de 20 %.

 

Qu'avons‑nous appris sur les perspectives du marché de l'emploi? Les intentions d'embauche restent inférieures à la moyenne, selon l'enquête de la Banque du Canada sur les perspectives des entreprises, et les employeurs font état, sans surprise, d'une abondance de candidats, bien que pour des postes qui n'existent plus. Cela suggère que le ralentissement notable de la croissance des salaires en septembre persistera.

 

Et c’est là le point clé que nous retenons : les nouvelles informations reçues aujourd'hui sont désinflationnistes et non inflationnistes. C'est pourquoi nous ne voyons pas beaucoup de raisons de revoir notre prévision d’une réduction de 50 points de base du taux directeur lors de la prochaine réunion de la Banque du Canada le 23 octobre prochain. 

Lire la publication Indicateurs économiques de la semaine du 18 au 22 juillet 2022

Consultez l'étude complète en format PDF.

NOTE AUX LECTEURS : Pour respecter l’usage recommandé par l’Office québécois de la langue française, nous employons dans les textes, les graphiques et les tableaux les symboles k, M et G pour désigner respectivement les milliers, les millions et les milliards. MISE EN GARDE : Ce document s’appuie sur des informations publiques, obtenues de sources jugées fiables. Le Mouvement Desjardins ne garantit d’aucune manière que ces informations sont exactes ou complètes. Ce document est communiqué à titre informatif uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente. En aucun cas, il ne peut être considéré comme un engagement du Mouvement Desjardins et celui-ci n’est pas responsable des conséquences d’une quelconque décision prise à partir des renseignements contenus dans le présent document. Les prix et les taux présentés sont indicatifs seulement parce qu’ils peuvent varier en tout temps, en fonction des conditions de marché. Les rendements passés ne garantissent pas les performances futures, et les Études économiques du Mouvement Desjardins n’assument aucune prestation de conseil en matière d’investissement. Les opinions et les prévisions figurant dans le document sont, sauf indication contraire, celles des auteurs et ne représentent pas la position officielle du Mouvement Desjardins.