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Commentaire hebdomadaire

Est-ce que tout est brisé dans l’économie canadienne? Non, mais beaucoup de choses sont à réparer

28 juin 2024
Randall Bartlett
Directeur principal, économie canadienne

Au moment où les Canadiens et les Canadiennes se préparent à passer une longue fin de semaine au bord de l’eau ou à regarder des feux d’artifice, il est opportun de faire le point sur l’état de l’économie et sur la direction qu’elle prendra. Comme nous l’avons indiqué dans nos plus récentes Prévisions économiques et financières (PEF) Lien externe au site., les perspectives de croissance au Canada se sont améliorées, comme c’est le cas un peu partout dans le monde. Nous nous attendons maintenant à ce que le PIB réel du pays augmente plus rapidement que celui des autres économies avancées (à l’exception des États-Unis) cette année et l’an prochain (graphique 1). La Banque du Canada (BdC) est la première banque centrale d’un pays du G7 à avoir abaissé les taux d’intérêt, et une partie de la bonne croissance attendue au pays peut être attribuée à l’amélioration de la situation des emprunteurs canadiens. Cette première baisse de taux a été motivée par une progression des prix plus lente que dans la plupart des pays comparables, ce qui est également une bonne nouvelle. Tout compte fait, une croissance plus solide et une inflation moindre que dans plusieurs autres économies avancées, combinées à des baisses de taux relativement hâtives, brossent un portrait économique relativement favorable.


Pour autant, ces indicateurs de haut niveau ne se traduisent pas par un soulagement tangible pour bon nombre de ménages, qui ressentent encore les effets des coûts d’emprunt et des prix élevés. Le marché canadien de l’habitation demeure très inabordable, et nos travaux indiquent que cette situation n’est pas près de changer Lien externe au site.. Les loyers sont aussi très chers, dans un contexte où un afflux de résidents non permanents augmente la concurrence dans un marché locatif caractérisé par une offre limitée (graphique 2). Les coûts importants et en hausse du logement ont contribué à maintenir les prix à un niveau global élevé, même si l’inflation a ralenti. Et avec une vague de renouvellements hypothécaires à des taux beaucoup plus élevés à l’horizon Lien externe au site., plusieurs ménages canadiens sont plus que jamais sous tension. C’est particulièrement le cas de ceux à faible revenu, dont le taux d’épargne est tombé en territoire négatif, comme nous en discuterons en détail dans une analyse à venir. 


Les entreprises font elles aussi face à des défis. L’augmentation des cas d’insolvabilité en 2024 est particulièrement notable (graphique 3). Les secteurs les plus touchés, comme l’hôtellerie et la restauration ainsi que le commerce de détail, sont d’ailleurs ceux que nous avions identifiés comme étant les plus vulnérables à l’approche de la date limite du remboursement du prêt du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC) en janvier dernier Lien externe au site.. Ces mêmes secteurs ont connu la plus forte pénurie de main-d’œuvre après la pandémie, et se sont tournés vers les résidents non permanents pour combler une grande partie de ce manque. Cependant, si le gouvernement fédéral met en œuvre ses plans de réduction du nombre de résidents non permanents au pays, cette source de main-d’œuvre relativement peu coûteuse se fera plus rare. Et comme les Canadiens et les Canadiennes susceptibles d’occuper ces postes sont peu nombreux Lien externe au site., les coûts de main-d’œuvre risquent d’augmenter Lien externe au site., réduisant les marges de profit au passage.


Un accès restreint à la main-d’œuvre temporaire pourrait rendre d’autant plus nécessaire un investissement renouvelé dans les innovations visant à améliorer la productivité. Mais la faible productivité du Canada est un problème de longue date, qui précède le récent boum de nouveaux arrivants Lien externe au site.. Même chose pour le PIB réel par habitant, qui a commencé à stagner après la baisse des prix du pétrole en 2014 Lien externe au site.. Les entreprises doivent adopter de nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle Lien externe au site., pour gagner en efficacité. C’est particulièrement vrai pour les petites entreprises, qui peinent à trouver le temps, le personnel et le financement pour investir dans les plus récentes innovations Lien externe au site.. Et dans un contexte de transition énergétique mondiale, le secteur de l’extraction pétrolière et gazière, même s’il est le chef de file de la productivité au Canada, risque de ne pas retrouver la position dominante qu’il avait avant 2014.

 

Les politiques publiques pourraient donc avoir un rôle à jouer pour soutenir l’investissement des entreprises canadiennes. Il y a dix ans, de nombreux économistes auraient préconisé que les gouvernements jouent un rôle plus actif pour favoriser l’innovation. En effet, nous avons constaté Lien externe au site. que c’est ce qu’ont fait historiquement les chefs de file de l’innovation comme les États-Unis, Israël et la Corée du Sud. Mais choisir des gagnants et disperser de l’argent aux quatre vents n’a pas été efficace pour stimuler l’innovation et la croissance de la productivité au Canada. Il faudrait plutôt miser sur des politiques qui touchent l’offre, comme la réduction des taxes à l’investissement et à l’entrepreneuriat (par opposition à la récente augmentation du taux d’inclusion des gains en capital Lien externe au site.), ainsi que sur un allégement de la réglementation. Il pourrait également être utile de proposer des incitatifs pour récompenser les entreprises qui choisissent de croître plutôt que de rester petites. Heureusement, comme nous l’avons mentionné ici Lien externe au site. et ici Lien externe au site., la situation budgétaire du Canada est parmi les plus solides des économies avancées, au niveau tant du gouvernement fédéral que de l’ensemble des paliers de gouvernement. Sans mettre en péril notre situation fiscale, il serait temps d’essayer quelque chose de nouveau pour stimuler l’investissement, car les mesures que le Canada a prises jusqu’à présent ne fonctionnent pas. Et lorsque quelque chose est brisé, la meilleure chose à faire est de le réparer. 

Lire la publication Indicateurs économiques de la semaine du 18 au 22 juillet 2022

Consultez l'étude complète en format PDF.

NOTE AUX LECTEURS : Pour respecter l’usage recommandé par l’Office québécois de la langue française, nous employons dans les textes, les graphiques et les tableaux les symboles k, M et G pour désigner respectivement les milliers, les millions et les milliards. MISE EN GARDE : Ce document s’appuie sur des informations publiques, obtenues de sources jugées fiables. Le Mouvement Desjardins ne garantit d’aucune manière que ces informations sont exactes ou complètes. Ce document est communiqué à titre informatif uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente. En aucun cas, il ne peut être considéré comme un engagement du Mouvement Desjardins et celui-ci n’est pas responsable des conséquences d’une quelconque décision prise à partir des renseignements contenus dans le présent document. Les prix et les taux présentés sont indicatifs seulement parce qu’ils peuvent varier en tout temps, en fonction des conditions de marché. Les rendements passés ne garantissent pas les performances futures, et les Études économiques du Mouvement Desjardins n’assument aucune prestation de conseil en matière d’investissement. Les opinions et les prévisions figurant dans le document sont, sauf indication contraire, celles des auteurs et ne représentent pas la position officielle du Mouvement Desjardins.