- LJ Valencia
Analyste économique
Canada : les finances des ménages terminent 2024 sur une note positive
Faits saillants
- Les ménages canadiens étaient plus prospères au T4 2024, le patrimoine net ayant connu une solide augmentation de 1,4 % (236 G$) en variation trimestrielle. Cette bonne progression fait suite aux gains réalisés sur les actions et les placements étrangers, qui ont plus que contrebalancé l’augmentation des emprunts. La valeur nette des ménages s’est accrue au cours des quatre trimestres de 2024.
- Le rythme des emprunts des ménages a progressé pour un troisième trimestre consécutif, ces derniers accumulant 40 G$ de dettes supplémentaires. L’augmentation s’explique principalement par les prêts hypothécaires (29 G$) et, dans une bien moindre mesure, par les prêts à la consommation.
- L’endettement des ménages sur le marché du crédit a totalisé 3 000 G$ au T4 et, en proportion de leur revenu disponible, il a augmenté pour la première fois en sept trimestres, passant de 172,4 % au T3 à 172,8 %. L’endettement des ménages est demeuré légèrement inférieur au sommet historique atteint au T4 2021 (graphique 1). Les ménages canadiens ont été, et de loin, les plus endettés du G7 en 2023, et les données de 2024 suggèrent que cette situation n’a probablement pas changé.
- Par ailleurs, le ratio du service de la dette des ménages, soit la part du revenu disponible consacrée au remboursement de la dette, a légèrement diminué pour s’établir à 14,4 % au T4, après avoir été de 14,6 % au T3. Même si la situation s’est améliorée, nous restons près du sommet sans précédent atteint au T4 2023. Malgré la légère baisse, cela indique une pression constante sur les ménages, d’autant plus que le ratio du service de la dette hypothécaire seulement s’est établi à 7,8 % au T4, légèrement sous le sommet historique de 8,2 % atteint au T4 2023 (graphique 2). Ce déclin s’explique par une hausse modeste du revenu disponible (0,8 % en variation trimestrielle) et par un faible recul de 0,6 % des paiements de la dette.
Implications
Les données d’aujourd’hui sur le bilan des ménages nous montrent que les finances de ces derniers étaient de plus en plus solides à la fin de 2024. Cela a permis au taux d’épargne de demeurer élevé malgré une légère baisse, et ce, même si les dépenses des ménages au T4 2024 Lien externe au site. ont été les plus vigoureuses en deux ans. Cette vigueur de la consommation a été en partie attribuable aux mesures de soutien gouvernemental, notamment l’exemption de TPS et de TVH. En effet, les ventes au détail Lien externe au site. ont connu une hausse en décembre grâce à cette mesure. D’autres facteurs, comme la fin des remises sur les véhicules électriques, les effets des baisses cumulatives de taux d’intérêt et la vigueur du marché du travail, ont stimulé la consommation au T4. Les nouvelles politiques du gouvernement fédéral visant à ralentir la croissance démographique Lien externe au site. pourraient également avoir fait diminuer la main-d’œuvre disponible, entraînant une hausse des salaires et une croissance accrue du revenu au Canada. Dans l’ensemble, les budgets des ménages canadiens étaient en bonne posture pour s’améliorer au cours de la prochaine année.
Il ne s’agit toutefois pas d’un prélude ensoleillé pour 2025. Des vents contraires importants pourraient causer un plus grand stress financier aux ménages canadiens. La vague de renouvellements hypothécaires qui arrive cette année est une grande préoccupation, car les ménages pourraient être plus nombreux à devoir composer avec des paiements hypothécaires mensuels plus élevés. La menace imminente de tarifs douaniers imposés par les États-Unis pose des risques baissiers importants Lien externe au site.. Une guerre commerciale pourrait entraîner une récession au Canada, ce qui aurait des effets néfastes sur l’emploi, l’inflation et la santé financière des Canadiens. Comme l’indiquent les nouvelles données d’enquête de la Banque du Canada publiées hier, les ménages sont très conscients de ces risques et prévoient de réduire leurs dépenses en conséquence, ce qui aggravera tout ralentissement économique découlant de la politique commerciale américaine.
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