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Commentaire hebdomadaire

Le prochain budget fédéral permettra-t-il des gains de productivité?

8 mars 2024
Randall Bartlett
Directeur principal, économie canadienne

C’est maintenant officiel : le gouvernement fédéral publiera son budget 2024 le 16 avril prochain. Considérant le temps qui nous sépare encore de cette date, on peut parier que le contenu fera l’objet de certaines fuites au cours des prochaines semaines. Nous pensons que l’occasion est tout indiquée pour faire le point sur l’état de l’économie canadienne et le chemin qu’elle pourrait prendre à partir de maintenant.

 

Il y a un peu plus d’une semaine, Statistique Canada a publié les chiffres du PIB réel pour le quatrième trimestre de 2023. Comme nous l’avons fait remarquer Lien externe au site., même si le résultat global s’avère plus vigoureux que prévu, les détails racontent une autre histoire. En effet, le PIB réel par habitant a chuté pour un troisième trimestre consécutif, s’établissant à 2,5 % sous le récent sommet du troisième trimestre de 2022 (graphique 1). Une telle faiblesse est préoccupante. Généralement, une baisse persistante de cet indicateur économique ne s’observe qu’en période de récession. Cela s’explique par la forte croissance démographique, qui ne montre d’ailleurs aucun signe de ralentissement.

 

Les perspectives plus modestes concernant la hausse des salaires reflètent également la croissance timide de la productivité au Canada. Les données publiées cette semaine ont montré une minuscule progression de la production par heure travaillée au dernier trimestre de 2023, mais cela n’indique pas nécessairement une tendance (graphique 2). Si la productivité a mis fin à une chute de cinq trimestres au quatrième trimestre, elle demeure inférieure au sommet atteint avant la pandémie de COVID-19. Et le léger gain en fin d’année n’est peut-être rien de plus qu’une brève accalmie. À titre de comparaison, les États-Unis ont conservé une bonne partie des gains de productivité réalisés pendant la pandémie et ont vu leur croissance s’accélérer Lien externe au site. au cours de la dernière année.

 

La grande question que les décideurs doivent se poser en élaborant le budget fédéral 2024 est la suivante : comment pouvons-nous nous inspirer des gains de productivité chez nos voisins du Sud pour augmenter le niveau de vie de ce côté-ci de la frontière? Certains ont imputé l’entièreté de notre déficit de productivité à l’immigration, mais nos problèmes précèdent de beaucoup la hausse récente du nombre de nouveaux arrivants au Canada. Nos travaux Lien externe au site. ont montré que la croissance de la productivité est au ralenti depuis 2014, lorsque les prix du pétrole ont plongé et les dépenses en immobilisations dans le secteur énergétique ont sévèrement ralenti. Aucun autre secteur n’est venu prendre la relève, laissant la productivité et le niveau de vie dans un état de stagnation.

 

Alors, pourquoi les entreprises n’investissent-elles pas? À l’instar des consommateurs, elles font actuellement face à des taux d’intérêt élevés et à une hausse des coûts de leurs intrants. Et nombre de celles qui ont traversé la pandémie en sont sorties très endettées. La hausse marquée des dossiers d’insolvabilité d’entreprises en janvier 2024 – mois de la date limite pour le remboursement des prêts du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes Lien externe au site. – illustre bien ces difficultés (graphique 3). L’insuffisance de la demande intérieure est aussi de plus en plus citée comme un facteur limitant la croissance des ventes et de la production. Les perspectives demeurent incertaines, et la plupart des consommateurs répondant aux enquêtes de la Banque du Canada (BdC) disent s’attendre à une récession au cours des 12 prochains mois. 

 

Bon nombre de ces mêmes répondants sont également d’avis que l’inflation est principalement attribuable aux dépenses gouvernementales élevées. Le gouvernement fédéral se retrouve donc dans une position inconfortable à l’approche du budget 2024. Il ne veut pas nuire au travail de la BdC en finançant davantage de dépenses à même le déficit, particulièrement en contexte de ralentissement de l’inflation Lien externe au site. et de baisses de taux Lien externe au site. à venir. En même temps, on lui demande de s’attaquer à la crise de l’abordabilité du logement, d’augmenter les dépenses militaires, d’élargir son régime naissant d’assurance-médicaments... et la liste continue. Bien que plusieurs de ces initiatives soient bien intentionnées, elles ont peu de chances de contribuer à stimuler l’investissement et l’innovation des entreprises à court terme. Par conséquent, le gouvernement fédéral serait bien avisé d’aller chercher de l’inspiration chez nos voisins du Sud Lien externe au site. ou même plus loin Lien externe au site.. Autrement, le budget 2024 risque de rater une occasion importante d’améliorer la productivité, la croissance économique et le niveau de vie des ménages au Canada. 

Lire la publication Indicateurs économiques de la semaine du 18 au 22 juillet 2022

Consultez l'étude complète en format PDF.

NOTE AUX LECTEURS : Pour respecter l’usage recommandé par l’Office québécois de la langue française, nous employons dans les textes, les graphiques et les tableaux les symboles k, M et G pour désigner respectivement les milliers, les millions et les milliards. MISE EN GARDE : Ce document s’appuie sur des informations publiques, obtenues de sources jugées fiables. Le Mouvement Desjardins ne garantit d’aucune manière que ces informations sont exactes ou complètes. Ce document est communiqué à titre informatif uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente. En aucun cas, il ne peut être considéré comme un engagement du Mouvement Desjardins et celui-ci n’est pas responsable des conséquences d’une quelconque décision prise à partir des renseignements contenus dans le présent document. Les prix et les taux présentés sont indicatifs seulement parce qu’ils peuvent varier en tout temps, en fonction des conditions de marché. Les rendements passés ne garantissent pas les performances futures, et les Études économiques du Mouvement Desjardins n’assument aucune prestation de conseil en matière d’investissement. Les opinions et les prévisions figurant dans le document sont, sauf indication contraire, celles des auteurs et ne représentent pas la position officielle du Mouvement Desjardins.