- Randall Bartlett, directeur principal, économie canadienne • LJ Valencia, analyste économique
Canada : les ménages étaient toujours sous pression au deuxième trimestre de 2024
Faits saillants
- Les ménages canadiens étaient légèrement plus riches au deuxième trimestre de 2024, le patrimoine net ayant augmenté de 0,2 % (42 G$) au cours du trimestre. Cette lente progression fait suite aux gains du côté des capitaux propres des ménages et à un repli modeste de la valeur du logement.
- Parallèlement, le rythme d’emprunt des ménages a ralenti pour un deuxième trimestre consécutif, les ménages ayant demandé 25,1 G$ en financement. Il s’agit de l’augmentation la plus modérée de l’emprunt des ménages depuis le deuxième trimestre de 2023. Si l’on regarde les détails, ce gain plus modeste s’explique par un ralentissement important du crédit à la consommation, qui a chuté à 4,0 G$ au deuxième trimestre. Malgré tout, la grande majorité des emprunts des ménages sont des prêts hypothécaires (18 G$).
- Alors que l’endettement des ménages sur le marché du crédit a totalisé 2 970 G$ au deuxième trimestre, cet endettement en proportion du revenu disponible a reculé pour un cinquième trimestre consécutif pour s’établir à 175,5 %. Toutefois, il n’est pas loin du sommet historique atteint au premier trimestre de 2023 (graphique 1). Quoi qu’il en soit, les ménages canadiens ont été, et de loin, les plus endettés du G7 en 2023. Et les données de 2024 suggèrent que cette situation n’a probablement pas changé.
- Par ailleurs, le ratio du service de la dette des ménages, soit la part du revenu disponible consacrée au remboursement de la dette, a légèrement augmenté pour s’établir à 15 % au deuxième trimestre, pas très loin du sommet inédit atteint au deuxième trimestre de 2023. Ce niveau quasi record témoigne d’une pression persistante sur les ménages, d’autant plus que le ratio du service de la dette hypothécaire seulement a atteint un sommet historique au deuxième trimestre, à 8,2 % (graphique 2).
- La tendance actuelle du ratio du service de la dette au deuxième trimestre indique que la croissance du remboursement de la dette est supérieure à l’augmentation du revenu disponible d’environ 0,5 % d’un trimestre à l’autre.
Implications
Les données sur le bilan des ménages continuent de peindre un portrait mitigé. Les taux d’intérêt encore élevés mettent davantage de pression sur les Canadiens et les Canadiennes, surtout que les ménages sont plus nombreux à assumer des paiements hypothécaires coûteux. Selon le dernier Rapport sur la stabilité financière de la Banque du Canada, près de la moitié des détenteurs de prêts hypothécaires n’avaient pas encore ressenti le plein effet des taux d’intérêt élevés à ce moment-là. Lorsque ces ménages renouvelleront leur prêt, ils feront face à une pression financière beaucoup plus importante du fait de la hausse de leurs paiements mensuels.
Cependant, les ménages canadiens démontrent un certain degré de résilience. La croissance des revenus et la diminution des dépenses discrétionnaires ont contribué à une relative stabilité de la consommation des ménages. Nous croyons par ailleurs que ceux-ci sont bien conscients de cette détérioration imminente de leur situation financière. Cela contribue à expliquer le taux d’épargne élevé au Canada, en particulier par rapport aux États-Unis. Néanmoins, les ménages canadiens qui n’ont pas de prêt hypothécaire sont eux aussi confrontés à des tensions financières accrues, et ils doivent de plus en plus recourir aux cartes de crédit pour régler leurs achats.
Les taux d’intérêt élevés fonctionnent, car la consommation des ménages diminue, ce qui est l’objectif de la politique monétaire restrictive. L’inflation se dirige vers la cible de 2 % de la Banque du Canada et l’économie est en situation d’offre excédentaire. Les plus récents chiffres sur l’emploi Lien externe au site. laissent entrevoir une hausse du taux de chômage malgré des gains du côté de l’emploi. Néanmoins, la Banque du Canada se trouve devant une tâche ambitieuse, celle de réussir un atterrissage en douceur dans le contexte des vulnérabilités actuelles et des vents contraires à venir. Cela a fait augmenter graduellement les probabilités que ses dirigeants abaissent les taux de 50 points de base en octobre, ce qui pourrait offrir un allègement encore plus important aux ménages canadiens.
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