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Randall Bartlett
Directeur principal, économie canadienne
Canada : malgré la hausse de la valeur des actifs, le T1 a été difficile pour les ménages
Faits Saillants
- La valeur nette des ménages a grimpé au T1 2023, en hausse de 3,4 % par rapport au trimestre précédent, soutenue par des gains dans les marchés boursiers et l’immobilier. La progression de la valeur de l’immobilier de 3,2 % a suivi trois trimestres consécutifs de baisse.
- Le rythme d’emprunt des ménages a encore ralenti au T1, l’encours de la dette des ménages sur le marché du crédit (y compris le crédit à la consommation et les prêts hypothécaires et non hypothécaires) ayant augmenté de 0,6 % par rapport au T4. La dette hypothécaire, qui représente environ les trois quarts de l’encours total de la dette des ménages, a progressé à son rythme trimestriel le plus lent depuis 1999 (0,5 %).
- Le revenu disponible des ménages a perdu du terrain au T1 (-1,0 %), l’augmentation de la rémunération des ménages (1,7 %) ayant été plus que contrebalancée par la réduction des transferts gouvernementaux et la montée des frais d’intérêt. Les ménages ont également déclaré des remboursements liés aux programmes de soutien pandémique au T1. Conjugué à une croissance encore forte de la consommation (2,1 %), le taux d’épargne a chuté à 2,9 %, soit son plus bas niveau depuis la fin de 2019.
- La dette des ménages sur le marché du crédit par rapport au revenu disponible a augmenté à 184,5 %, contre 181,7 % au T4 2022. C’est tout près du sommet historique de 184,7 % atteint au T3 2022. Parallèlement, le ratio du service de la dette des ménages a augmenté, passant de 14,4 % à 14,9 % au T1. Il s’agit de la hausse trimestrielle la plus importante depuis le T3 2020, ce qui porte ce ratio à son niveau le plus élevé depuis le T3 2019.
Le bilan national du T4 dresse un portrait mitigé de la situation des ménages canadiens. Les revenus peinent à suivre le rythme de la consommation, même si l'on exclut les transferts gouvernementaux, et la dette continue d’augmenter. Cela dit, le ralentissement de la croissance du crédit montre que les ménages réduisent leurs emprunts, ce qui signifie que la hausse des taux d’intérêt pourrait avoir l’effet recherché. Cependant, le rebond de la valeur des actifs au T1, et particulièrement en immobilier, vient brouiller les cartes. Et comme la valeur des propriétés a repris de la vigueur en avril, on peut présumer que la Banque du Canada (BdC) n’avait pas tout à fait fini le travail au T1, ce qui justifierait la hausse des taux d’intérêt en juin.
Implications
D’après les données sur le bilan des ménages pour le T1, certains signes indiquent que les hausses de taux de la BdC ont eu les effets escomptés. Toutefois, l’activité économique soutenue et l’inflation ont amené les dirigeants de la BdC à conclure que des resserrements supplémentaires étaient justifiés. Le fait que la valeur des actifs continue d’augmenter apporte un peu plus de poids à cette évaluation de la situation. Par conséquent, nous nous attendons à ce que la BdC augmente de nouveau ses taux en juillet tout en n’écartant pas la possibilité d’une autre hausse par la suite si les données le justifient.
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