-
Florence Jean-Jacobs
Économiste principale
Les investissements des entreprises reprennent de la vigueur malgré la baisse des profits au T1
Faits saillants
- Les bénéfices des sociétés non financières canadiennes ont chuté de 31,8 % (en variation trimestrielle à rythme annualisé) au T1 2024. Avec les révisions à la baisse des données des trimestres précédents, il s’agit du sixième recul au cours des sept derniers trimestres. Les bénéfices des sociétés avant impôts (sur une base de coût d’origine) sont en forte baisse par rapport à il y a un an (14,5 %). Ils sont maintenant à 39,1 % sous leur sommet du T2 2022 (graphique 1).
- Les grossistes, particulièrement dans le domaine des produits agricoles, ont le plus contribué au déclin du bénéfice net avant impôts (BNAI) des sociétés non financières, en raison de la baisse de leurs ventes. Derrière eux vient le secteur de la fabrication de produits du pétrole et du charbon. Dans ce cas, la diminution des revenus est principalement attribuable à la baisse des prix. Après avoir enregistré des pertes nettes au trimestre précédent, la fabrication de véhicules automobiles et de remorques a changé de cap grâce à la réduction des coûts d’exploitation, ce qui a permis de compenser la baisse du BNAI.
- En parallèle, les investissements non résidentiels des entreprises ont rebondi au T1 après des résultats décevants à la fin de l’année dernière. Les investissements réels et nominaux ont progressé de 3,5 % et de 4,3 % respectivement sur une base trimestrielle annualisée (tableau 1). Les entreprises du secteur pétrolier et gazier ont notamment augmenté leurs investissements dans les ouvrages de génie. La plupart des catégories d’investissement ont enregistré des hausses, sauf les bâtiments non résidentiels, les camions et les autobus ainsi que les aéronefs. Il est encourageant de constater que les dépenses en produits de propriété intellectuelle sont également en croissance.
Implications
La tendance à la baisse actuelle des bénéfices des sociétés n’est pas totalement surprenante, compte tenu du rythme modeste de l’activité économique et de la diminution des prix du pétrole qui nuisent aux industries de l’extraction de pétrole et de gaz et de la fabrication de produits pétroliers du Canada. Les entreprises demeurent prudentes et méfiantes face à la faible demande Lien externe au site., alors que les taux d’intérêt et les coûts des intrants élevés depuis un an continuent de gonfler leurs dépenses.
L’élément positif de la publication est certes la reprise des investissements des entreprises au T1 grâce à la hausse des dépenses en ingénierie et en machinerie et équipement. La poursuite de cette croissance au cours des prochains trimestres dépendra de l’appétit pour le risque et de l’optimisme des entreprises. Quant à celles qui attendaient prudemment que le ciel se dégage avant de faire des investissements considérables, la perspective d’une baisse des taux d’intérêt pourrait bien les inciter à se lancer dans des projets de croissance à long terme. Avec le rythme accéléré des transformations technologiques et les impératifs liés à la transition climatique et énergétique auxquels elles font face, elles pourraient être nombreuses à ressentir l’urgence de maintenir leur compétitivité, plus tôt que tard.
Il faut mettre un petit bémol sur les données globales, cependant : l’investissement réel des entreprises par habitant stagne, et il demeure nettement inférieur aux niveaux prépandémiques. Il a au moins cessé sa descente au T1 (graphique 2). Se sortir de cette mauvaise passe ne sera pas chose facile, mais c’est une étape essentielle pour remédier au retard de productivité du Canada Lien externe au site..
Contactez nos économistes
Par téléphone
Montréal et environs :
514 281-2336 Ce lien lancera votre logiciel de téléphonie par défaut.