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L'Essentiel de la politique monétaire

Mise en évidence du lent progrès de l’inflation dans le statu quo de la BdC

25 octobre 2023
Randall Bartlett
Directeur principal, économie canadienne

Selon la BdC

Comme on s’y attendait, la BdC a maintenu le taux des fonds à un jour à 5,00 % aujourd’hui. La dernière hausse de taux de la BdC remonte à la réunion de juillet.

Fait important, dans son communiqué accompagnant l’annonce sur les taux, la Banque a reconnu que, au Canada, « de plus en plus de données montrent que les hausses passées du taux directeur freinent l’activité économique et allègent les pressions sur les prix. […] En ce qui concerne l’économie en général, divers indicateurs donnent à penser que l’offre et la demande s’approchent maintenant du point d’équilibre. »

Dans pareil contexte, la Banque a révisé à la baisse sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) réel pour 2023, la faisant passer à 1,2 % alors qu’elle était de 1,8 % dans le Rapport sur la politique monétaire (RPM) de juillet. Le plus grand pessimisme de la Banque quant à la croissance en 2023 reflète la révision à la baisse du premier trimestre (de 3,1 % à 2,6 %, annualisé), les résultats plus faibles que prévu au deuxième trimestre (-0,2 % par rapport à 1,5 % dans le RPM de juillet) et une importante révision à la baisse pour le troisième trimestre (de 1,5 % à 0,7 %). La croissance du PIB réel pour 2024 a également été revue à la baisse, soit de 1,2 % en juillet à 0,9 %. Les prévisions pour 2025 ont été légèrement revues à la hausse pour s’établir à 2,5 %. Ces changements ont mené à une révision baissière de l’estimation de l’écart de production de la Banque du Canada, mais cette dernière croit que l’économie canadienne évitera la récession. 

Malgré les perspectives économiques plus faibles dans le RPM d’octobre, la Banque a majoré ses prévisions pour l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) pour chaque année de ses prévisions. En effet, la légère révision haussière des prévisions pour 2023 (de 3,7 % à 3,9 %) s’est accompagnée d’une augmentation significative des perspectives d’inflation en 2024, soit de 2,5 % en juillet à 3,0 %. Parallèlement, les prévisions de la croissance des prix en 2025 ont été majorées pour s’établir à 2,2 %.

La Banque a réitéré craindre que « le marché du travail reste plutôt tendu et [que] des pressions continuent de s’exercer sur les salaires », alors que les mesures de l’inflation fondamentale « montrent très peu d’amélioration ». En effet, le Conseil de direction est « préoccupé par la lenteur des progrès vers la stabilité des prix et par l’accroissement des risques inflationnistes, et est donc prêt à augmenter de nouveau le taux directeur si nécessaire ». Par conséquent, l’annonce d’aujourd’hui sur les taux d’intérêt doit être considérée comme un statu quo avec un ton « hawkish ».

Implications

La décision prise aujourd’hui au sujet des taux d’intérêt n’est pas surprenante, mais le RPM d’octobre contient beaucoup de matière à réflexion. La révision à la baisse des prévisions de la croissance du PIB réel nous convainc encore plus que les hausses de taux sont terminées. La vive accélération des taux à long terme depuis septembre et le programme de resserrement quantitatif mis en œuvre en arrière-plan contribuent également au durcissement des conditions financières même en l’absence de relèvement des taux. Il faut également tenir compte de l’effet décalé des hausses précédentes, puisque plus de la moitié des emprunteurs hypothécaires n’ont pas encore vu d’augmentation de leurs paiements au moment du renouvellement. Toutefois, les révisions haussières des perspectives d’inflation laissent croire que la BdC ne fermera pas rapidement la porte à une autre hausse de taux dans les prochaines rencontres de politique monétaire.

Malgré plus de fermeté dans le ton de la BdC, nous pensons que les prévisionnistes se concentreront de plus en plus sur le moment où la Banque réduira les taux d’intérêt. Selon le dernier sondage de Bloomberg, les économistes s’attendent à ce que la Banque retranche 25 points de base au deuxième trimestre de 2024 en moyenne. Nous sommes d’accord avec le moment choisi, mais nos prévisions plus pessimistes – lesquelles comprennent une brève récession au premier semestre de 2024 – laissent entrevoir un rythme plus rapide de réduction des taux dès que la Banque s’engagera sur cette voie (voir notre récent numéro des Perspectives économiques et financières pour d’autres renseignements). 

NOTE AUX LECTEURS : Certaines banques peuvent décider de modifier les taux entre les réunions prévues. Les simplifications s.q. et p.b. correspondent respectivement à statu quo et points de base. * Signale la publication du Rapport sur la politique monétaire; ** Dates à venir