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Randall Bartlett
Directeur principal, économie canadienne
Nouvelle année, nouveaux signaux accommodants de la part de la Banque du Canada
Selon la Banque du Canada
Comme on s’y attendait, la Banque du Canada (BdC) a maintenu le taux des fonds à un jour à 5,00 % aujourd’hui. La dernière hausse de taux de la BdC remonte à juillet 2023.
Plus important encore, le ton adopté dans le communiqué de presse d’aujourd’hui est le plus conciliant depuis un bon moment. La référence à une éventuelle hausse additionnelle au besoin, incluse dans le texte depuis le début 2022, a été retirée. En décembre, le conseil de direction avait indiqué qu’il restait « prêt à augmenter de nouveau le taux directeur si nécessaire ». Même si la BdC continue d’exprimer des préoccupations quant aux risques liés aux perspectives d’inflation, ces craintes ne s’accompagnent plus d’un biais haussier explicite dans le communiqué de presse. Cela dit, dans la déclaration préliminaire à la conférence de presse accompagnant le Rapport sur la politique monétaire (RPM), le gouverneur Tiff Macklem a clairement indiqué que cela « ne veut pas dire que nous avons éliminé la possibilité de relever le taux directeur ».
Pour appuyer ce changement de cap, la BdC a revu à la baisse ses prévisions de croissance du PIB réel d’un bout à l’autre. Selon la banque centrale, « l’économie stagne depuis la mi-2023, et la croissance va probablement demeurer près de zéro au premier trimestre de 2024 ». Le pessimisme de la BdC se reflète dans la révision à la baisse de la croissance annualisée au deuxième semestre de 2023, à environ -0,2 %, comparativement à 0,6 % dans le RPM d’octobre. Cela se traduit par un acquis de croissance plus faible pour 2024. La BdC s’attend également à un début d’année plutôt modeste, avec un PIB réel qui devrait augmenter d’environ 0,5 % seulement (annualisé) au premier trimestre. Ainsi, la prévision de croissance du PIB réel pour 2024 est passée de 0,9 % à 0,8 % (graphique 1). La prévision pour 2025 a également été révisée à la baisse, passant de 2,5 % dans le RPM précédent à 2,4 %. Si ces changements ont entraîné une nouvelle révision à la baisse de son estimation de l’écart de production, la BdC continue de croire que l’économie canadienne évitera une récession « profonde ».
En partie en raison de la détérioration des perspectives économiques dans le RPM de janvier 2024, la BdC a aussi légèrement revu à la baisse ses prévisions d’inflation de l’IPC pour 2024. Elle l’estime maintenant à 2,8 % cette année, comparativement à 3,0 % dans le RPM d’octobre. Cela reflète également le fait que l’inflation globale de l’IPC a été légèrement inférieure aux prévisions précédentes de la BdC pour le quatrième trimestre de 2023 (à 3,3 %, comparativement à 3,4 %). La banque centrale prévoit maintenant que l’inflation se refroidira davantage au premier trimestre de 2024, quoique modestement, pour s’établir à 3,2 %. Cependant, les perspectives d’inflation pour 2025 sont demeurées inchangées à 2,2 %, et l’on s’attend toujours à un retour à la cible de 2 % en 2025. La BdC a aussi indiqué clairement dans le RPM que l’inflation de la composante logement est un important moteur de l’inflation globale sur l’horizon des perspectives et a associé la croissance de la population à l’accélération de l’inflation des loyers. La croissance des salaires demeure également élevée, malgré les signes de refroidissement du marché du travail.
Implications
Même si la décision d’aujourd’hui sur les taux d’intérêt n’a rien d’étonnant, il n’y en a pas moins à dire à son sujet pour autant. L’élimination du biais explicite quant à une possible autre hausse de taux dans le communiqué de presse, de même que la nouvelle ronde de révisions à la baisse des prévisions de croissance du PIB réel et de l’inflation, renforce notre point de vue selon lequel le relèvement des taux est bel et bien terminé. En arrière-plan, la réduction de la taille du bilan de la BdC contribue elle aussi à resserrer les conditions financières, même en l’absence de hausses de taux.
Nous nous attendons à ce que la BdC continue d’envoyer des signaux plus accommodants et restons d’avis qu’elle commencera à réduire le taux directeur au printemps. En effet, nous croyons que ses prévisions demeurent trop optimistes (graphique 2). Comme nous l’avons réaffirmé dans nos plus récentes Prévisions économiques et financières Lien externe au site. S'ouvre dans une nouvelle fenêtre., nous nous attendons à une récession courte et légère au Canada au premier semestre de 2024. Les renouvellements hypothécaires qui continuent de s’effectuer à des taux d’intérêt plus élevés, le ralentissement de la croissance démographique et le remboursement des prêts du CUEC assombriront encore davantage des perspectives déjà peu reluisantes.
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