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Randall Bartlett
Directeur principal, économie canadienne
Le Canada : un gros déficit commercial en mai n’empêchera pas la Banque du Canada de hausser les taux
Faits Saillants
- Le solde commercial international de marchandises du Canada est passé d’un surplus de 894 M$ en avril à un déficit de 3,4 G$ en mai. Il s’agit du plus gros déficit commercial de biens depuis octobre 2020. Ce résultat est aussi largement en deçà du consensus des prévisionnistes du secteur privé.
- La principale cause du retour à un déficit commercial en mai a été une baisse de 3,8 % du total des exportations, qui se sont établies à 61,5 G$. Les exportations de produits énergétiques (-7,3 %) ont connu la plus forte chute, la baisse des prix ayant contribué aux reculs généralisés de la catégorie. Mais ce n’est pas qu’une question de prix. La diminution marquée de la demande étrangère, notamment pour le charbon en Asie, a aussi contribué à la faiblesse des exportations d’énergie. Dans le même ordre d’idées, l’amélioration des conditions d’approvisionnement à l’échelle mondiale ainsi que la baisse des prix des produits agricoles et de la pêche et produits intermédiaires des aliments ont également nui aux exportations dans cette catégorie étroitement liée aux matières premières (-13,4 %). En volume, les exportations ont reculé plus modestement, soit de 2,6 % au cours du mois.
- Les importations totales ont augmenté de 3,0 % en mai pour atteindre 65,0 G$. Les importations de produits métalliques et minéraux non métalliques (+12,3 %) ont contribué à cette croissance, grâce notamment à une hausse des importations d’or, d’argent et de platine bruts. Cette catégorie va très bien depuis février et a tendance à être plus solide en période d’incertitude économique. Les importations de véhicules et de pièces automobiles ont également affiché une bonne progression (+4,5 %), une tendance soutenue reflétant à la fois une demande durable pour les véhicules et l’amélioration des conditions dans la chaîne d’approvisionnement. En volume, les importations réelles ont augmenté de 3,7 % en mai.
- Le surplus commercial du Canada avec les États-Unis est passé de 8,7 G$ en avril à 6,7 G$ en mai. Il s’agit du plus bas niveau en deux ans. Cette diminution est surtout attribuable à la réduction des exportations de pétrole brut.
- En ce qui concerne les services, le déficit commercial du Canada a légèrement diminué en mai, passant de 1,2 G$ à 1,1 G$. Les importations ont reculé de 0,5 % au cours du mois, alors que les exportations généralement ont été stables. Le déficit en services demeure moins important qu’avant la COVID.
Implications
Pour l’économie canadienne, le communiqué d’aujourd’hui est un couteau à double tranchant. La baisse des exportations réelles donne à penser que les secteurs des biens, comme l’agriculture et l’extraction des ressources, pourraient afficher des chiffres plus faibles au deuxième trimestre que ce qui était prévu précédemment. Mais en même temps, la progression des importations réelles laisse présager une vigoureuse demande des consommateurs au cours du trimestre. En conséquence, la forte hausse du déficit commercial annoncée aujourd’hui n’a pas fait bouger les prévisions de croissance annualisée du PIB réel, à près de 2 % pour le deuxième trimestre, mais a plutôt modifié la principale cause de ce déficit, qui était les échanges commerciaux et qui est redevenue la demande intérieure. En fait, cela vient renforcer notre point de vue selon lequel la Banque du Canada augmentera probablement les taux de 25 points de base lors de sa réunion de la semaine prochaine et pourrait décréter des hausses supplémentaires si les données économiques ne vont pas dans le bon sens.
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