- Marc-Antoine Dumont
Économiste senior
Canada : le nouvel oléoduc Trans Mountain stimule déjà les exportations
Faits saillants
- Le solde commercial international du Canada pour les marchandises est revenu en territoire positif, en passant de -1,6 G$ en mai à 0,6 G$ en juin. Ce résultat est nettement supérieur au consensus, qui estimait un déficit de 2 G$ pour le mois.
- En variation mensuelle, les exportations ont augmenté de 5,5 %, et les importations, de 1,9 %. En termes réels, tant les exportations que les importations ont gagné du terrain, avec des hausses respectives de 4,6 % et de 1,2 %.
- Les exportations et importations trimestrielles ont progressé de 1,1 % et de 2,0 % respectivement. Après ajustement pour tenir compte des prix, les exportations réelles ont chuté de 0,4 % au deuxième trimestre, tandis que les importations réelles ont augmenté de 0,3 %.
- Le déficit commercial du Canada avec les pays autres que les États-Unis a diminué, passant de 10,4 G$ à 8,7 G$. Quant au surplus commercial avec les États-Unis, il s’est élevé à 8,8 G$, alors qu’il était précédemment de 9,4 G$.
Commentaires
Les exportations de pétrole ont été le principal moteur du retour imprévu à un surplus commercial pour les biens en juin. Alors que le début des opérations au nouvel oléoduc Trans Mountain n’avait pas influencé les exportations d’énergie en mai, ces dernières ont bondi de 11,7 % en juin, presque entièrement grâce à des volumes plus élevés (9,7 %). Nous nous attendions à ce que le nouveau pipeline soutienne les exportations, mais cela s’est produit plus tôt que prévu.
Les exportations de métaux et de minéraux non métalliques ont rebondi en juin, avec un gain de 11,8 % suivant une baisse de 7,3 % en mai. L’incertitude et la volatilité sur les marchés ont probablement de nouveau attiré les investisseurs vers l’or, tandis que les exportations de métaux précieux ont augmenté de 35,3 %. Compte tenu de l’évolution récente des marchés financiers, nous nous attendons à ce que cette catégorie demeure volatile.
Les importations sont de retour au pic historique de juin 2022, à 66,0 G$, après un léger ralentissement de la demande des consommateurs. La plus grande partie de la hausse provient du secteur automobile (5,1 %), les importations de voitures de tourisme et de camions légers ayant atteint un nouveau sommet de 6,8 G$ en juin.
Implications
Les données plus fortes que prévu pour le commerce en juin pointent vers une croissance annualisée du PIB réel de 1,7 % au deuxième trimestre, un résultat légèrement supérieur aux prévisions de la Banque du Canada (BdC) dans son Rapport sur la politique monétaire de juillet 2024. On s’attend maintenant à ce que les exportations nettes ne pèsent que modestement sur l’activité économique globale au deuxième trimestre. Nous continuons toutefois de prévoir que le PIB réel du troisième trimestre sera bien en deçà de 2,8 %, la prévision publiée par la BdC le mois dernier.
Les chiffres d’aujourd’hui ne devraient avoir aucune incidence sur la politique monétaire. La BdC se concentrera vraisemblablement sur les données de l’emploi en juillet attendues vendredi, surtout dans le contexte de la récente faiblesse à ce chapitre aux États-Unis. La volatilité des marchés et la réévaluation des baisses de taux par la Réserve fédérale (Fed) après ces résultats pourraient aussi être à considérer. Cela dit, nous sommes toujours d’avis que tant la BdC que la Fed réduiront leurs taux de 25 points de base en septembre, en supposant que les données continuent d’évoluer globalement selon les attentes des deux banques centrales.
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