- Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège • Randall Bartlett, directeur principal, économie canadienne
Budget fédéral 2024 : Devant une pluie de dépenses, des hausses ciblées d’impôt à la rescousse
Comme prévu dans notre Aperçu du budget fédéral 2024, le gouvernement du Canada prévoit un déficit plus important que celui projeté dans l’Énoncé économique de l’automne de 2023 (ÉÉA 2023). Malgré cela, le gouvernement fédéral prévoit d’atteindre ses deux cibles budgétaires liées au déficit : maintenir le déficit de l’exercice 2023-2024 à un niveau égal ou inférieur à celui prévu dans le budget de 2023 de 40,1 G$ et maintenir un ratio du déficit au PIB en baisse au cours de l’exercice 2024-2025 tout en s’assurant que le déficit demeure inférieur à 1 % du PIB au cours de l’exercice 2026-2027 et à l’avenir.
Les dépenses de programmes ont augmenté de façon notable, soit de 56,5 G$ sur cinq ans, dans le budget de 2024 par rapport à ce qui était prévu dans l’ÉÉA 2023. Les nouvelles mesures sont fortement axées sur le logement, mais des dépenses supplémentaires soutenant l’abordabilité, la productivité, la défense et les besoins des peuples autochtones ont également contribué à ce résultat. En même temps, les frais de la dette publique ont légèrement augmenté, ce qui a contribué à creuser le déficit dans ce budget très dépensier.
Du côté des recettes, les perspectives économiques plus favorables n’ont pas suffi à maintenir l’alignement du déficit avec les cibles budgétaires définies dans l’ÉÉA 2023. En conséquence, le gouvernement fédéral a l’intention d’augmenter les impôts, principalement en augmentant le taux d’imposition des gains en capital réalisés annuellement par les particuliers au-dessus du seuil de 250 000 $ (à l’exclusion des gains en capital réalisés à l’égard de la résidence principale et de certaines autres sources de revenus), et par les sociétés. Des allègements fiscaux plus modestes destinés aux entrepreneurs et d’autres mesures ont légèrement compensé cette hausse des impôts.
Dans l’ensemble, le ratio de la dette au PIB devrait diminuer progressivement, passant de son sommet récemment atteint de 42,1 % durant l’exercice 2023-2024 à 39 % à la fin de la période de prévisions. Par conséquent, le gouvernement fédéral s’attend à atteindre le seuil de sa troisième et dernière cible budgétaire : réduire le ratio de la dette au PIB en 2024-2025 par rapport à l’ÉÉA 2023, et le maintenir ensuite sur une trajectoire descendante.
Nous doutons de la capacité du gouvernement fédéral à atteindre ses cibles budgétaires au cours des années à venir. Compte tenu du plan du gouvernement du Canada visant à réduire le nombre de résidents non permanents autorisés à travailler et à étudier au Canada, les perspectives économiques se sont détériorées après 2024, depuis la dernière fois que les prévisionnistes ont été sondés. En conséquence, des prévisions économiques à la baisse sont de plus en plus probables à partir de 2025. Or, puisque les dépenses augmentent dans chaque nouveau plan budgétaire, les impôts devront eux aussi augmenter pour compenser les dépenses supplémentaires et/ou le déficit se creusera.
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