Choisir vos paramètres

Choisir votre langue
Commentaire hebdomadaire

Les tarifs douaniers et le prix de l’argent

6 décembre 2024
Royce Mendes
Directeur général et chef de la stratégie macroéconomique

Lorsque la Banque du Canada (BdC) annoncera sa décision sur les taux d’intérêt la semaine prochaine, elle le fera dans un contexte d’incertitude commerciale. Plus d’un mois avant son investiture, le président élu Trump bouscule déjà les marchés en menaçant d’imposer des barrières tarifaires de 25 % au Canada et au Mexique et d’ajouter 10 % à celles déjà en vigueur pour la Chine.

 

Les entreprises n’ont pas attendu pour se mettre en action. Tant en Chine qu’au Canada, elles augmentent leurs exportations vers les acheteurs américains afin d’éviter d’éventuels tarifs douaniers. Ces actions accroissent la résilience des chaînes d’approvisionnement mondiales et les aideront à faire face, du moins temporairement, à un changement soudain de la politique commerciale américaine. Elles font par ailleurs augmenter les exportations de ces pays.

 

Notre équipe d’économistes a relevé ses prévisions de croissance du PIB au Canada pour l’an prochain, dans un contexte où les importateurs américains chercheront à stocker des biens provenant du nord de la frontière. L’autre côté de la médaille, évidemment, c’est que les perspectives pour 2026 ont été revues à la baisse. Les décideurs monétaires auront à naviguer dans cet horizon de croissance houleux, mais ils devront aussi réfléchir aux répercussions des tarifs douaniers sur les prix à la consommation.

 

Habituellement, les banques centrales ne tiennent pas compte des variations ponctuelles des prix et se concentrent plutôt sur l’inflation sous‑jacente. En théorie, les tarifs douaniers et les mesures réciproques n’influencent les prix qu’une seule fois, de sorte que le protectionnisme n’engendrerait qu’une seule hausse des prix. La question est de savoir si la banque centrale est prête à parier sur le fait que les droits de douane n’auront pas d’effet durable sur le rythme de l’inflation.

 

Les dirigeants de la BdC ont récemment affirmé que si l’inflation est revenue à la cible de 2 %, c’est en bonne partie parce que les attentes quant à celle‑ci sont restées ancrées autour de 2 %. S’il est vrai que plus les barrières tarifaires auxquelles le Canada est exposé sont importantes, plus les probabilités de baisses de taux additionnelles augmentent, nous ne considérons toutefois pas cette relation comme étant linéaire. Plus les mesures tarifaires réciproques visant les biens américains seront nombreuses, plus les prix à la consommation augmenteront au Canada et, par conséquent, plus la menace à l’égard des attentes inflationnistes sera grande.

 

Non seulement il existe un lien direct entre les tarifs douaniers et les prix à la consommation, mais la reconfiguration du commerce mondial que souhaite Donald Trump pèsera aussi sur la productivité. En abaissant la vitesse de croisière non inflationniste des économies à travers le monde, le protectionnisme fera augmenter les probabilités qu’une inflation indésirable se manifeste. Les banques centrales n’ont toujours pas de modèles qui permettent de bien prévoir l’offre dans l’économie, même après avoir connu des chocs massifs de l’offre pendant la pandémie. Comme l’ampleur des pressions haussières sur les prix est inconnue, une prudence accrue est de mise à l’égard d’une réduction agressive des taux d’intérêt.

 

Notre analyse démontre que la BdC réduirait davantage les taux en cas de barrières tarifaires plus importantes. Toutefois, les investisseurs en obligations les plus optimistes seront peut‑être surpris de constater que selon nous, les taux pourraient malgré tout demeurer élevés, surtout si la dépréciation du huard compense une partie du coût des barrières tarifaires pour les consommateurs américains.

Lire la publication Indicateurs économiques de la semaine du 18 au 22 juillet 2022

Consultez l'étude complète en format PDF.

NOTE AUX LECTEURS : Pour respecter l’usage recommandé par l’Office québécois de la langue française, nous employons dans les textes, les graphiques et les tableaux les symboles k, M et G pour désigner respectivement les milliers, les millions et les milliards. MISE EN GARDE : Ce document s’appuie sur des informations publiques, obtenues de sources jugées fiables. Le Mouvement Desjardins ne garantit d’aucune manière que ces informations sont exactes ou complètes. Ce document est communiqué à titre informatif uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente. En aucun cas, il ne peut être considéré comme un engagement du Mouvement Desjardins et celui-ci n’est pas responsable des conséquences d’une quelconque décision prise à partir des renseignements contenus dans le présent document. Les prix et les taux présentés sont indicatifs seulement parce qu’ils peuvent varier en tout temps, en fonction des conditions de marché. Les rendements passés ne garantissent pas les performances futures, et les Études économiques du Mouvement Desjardins n’assument aucune prestation de conseil en matière d’investissement. Les opinions et les prévisions figurant dans le document sont, sauf indication contraire, celles des auteurs et ne représentent pas la position officielle du Mouvement Desjardins.