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Hendrix Vachon
Économiste principal
Une nouvelle baisse des taux d’intérêt directeurs, avec un changement au cadre opérationnel
Selon la Banque centrale européenne (BCE)
- Le Conseil des gouverneurs a décidé d’abaisser le taux d’intérêt de la facilité de dépôt de 25 points de base. L’écart entre le taux des opérations principales de refinancement et le taux de la facilité de dépôt sera ramené à 15 points de base. L’écart entre le taux de la facilité de prêt marginal et le taux des opérations principales de refinancement restera quant à lui inchangé, à 25 points de base. En conséquence, le taux de la facilité de dépôt sera ramené à 3,50 %. Les taux d’intérêt des opérations principales de refinancement et de la facilité de prêt marginal seront abaissés, à respectivement 3,65 % et 3,90 %.
- Les prévisions pour l’inflation n’ont pas été changées par rapport aux prévisions de juin. L’inflation devrait atteindre 2,5 % en moyenne cette année, contre 2,2 % en 2025 et 1,9 % en 2026.
- Excluant l’énergie et les produits alimentaires, les projections pour 2024 et 2025 ont été légèrement révisées à la hausse, en raison d’une augmentation plus importante que prévu des prix des services. La BCE prévoit une inflation de base de 2,9 % cette année, de 2,3 % en 2025 et de 2,0 % en 2026.
- Les prévisions de croissance économique ont été réduites d’un dixième de point de pourcentage par année en raison essentiellement d’une contribution plus faible de la demande intérieure. Il est donc maintenant prévu que le PIB réel augmentera de 0,8 % en 2024, puis de 1,3 % en 2025 et de 1,5 % en 2026.
Commentaires
Nous avions l’habitude de suivre la politique monétaire en zone euro avec le taux des opérations principales de refinancement. Cependant ce taux avait perdu de son sens dans un contexte de liquidités excédentaires sur le marché monétaire. C’est surtout le taux sur les dépôts qui dictait la trajectoire du marché monétaire en zone euro. Le nouveau cadre opérationnel de la BCE vient donc officialiser le tout. D’autres banques centrales ont appliqué des changements similaires à leur cadre opérationnel, dont la Banque du Canada, qui établit la cible du taux des fonds à un jour au même niveau que le taux sur les dépôts. La BCE a décidé de maintenir un écart de 15 points de base entre le taux sur les dépôts et le taux des opérations principales de refinancement.
La décision d’abaisser de 25 points son principal taux directeur était largement attendue. La BCE avait pris une pause en juillet après une première baisse en juin, jugeant que certains indicateurs militaient pour la prudence. Les derniers chiffres d’inflation ont fait état d’une nouvelle diminution de l’inflation totale, mais l’inflation de base, qui exclut les aliments et l’énergie, est demeurée inchangée (graphique 1). Une des principales zones d’inquiétude de la BCE est l’inflation des services, laquelle est fortement corrélée avec la croissance des salaires. La bonne nouvelle est que de récents indicateurs font état d’un ralentissement dans la croissance des salaires (graphique 2). La BCE s’attend à ce que cela se poursuive, ce qui devrait aider à l’inflation des services à ralentir en 2025. Le marché de l’emploi montre aussi des signes de modération, ce qui devrait contribuer à freiner les salaires. Qui plus est, la BCE voit de bon œil le fait que les entreprises absorbent une partie des hausses de salaire via une réduction de leurs marges bénéficiaires. Elle anticipe que ces mouvements se poursuivront au cours des prochaines années.
Il a aussi été beaucoup question de productivité dans la conférence de presse qui a suivi la décision de politique monétaire. L’ancien président de la BCE, Mario Draghi, a récemment publié un rapport suggérant des pistes pour améliorer la productivité en zone euro. La BCE fait l’hypothèse que la productivité augmentera graduellement, ce qui aidera à réduire l’inflation.
Implications
La BCE refuse de se commettre sur un sentier de taux prédéterminé. Christine Lagarde a tout de même avoué que la tendance sera vraisemblablement à la baisse, ce qui ne surprend personne. Par contre, on sent que la BCE reste prudente sur l’inflation. Elle ne semble pas avoir les coudées franches pour se concentrer davantage sur l’économie, comme cela semble plutôt le cas aux États-Unis et au Canada. En conséquence, nous ne croyons pas que la BCE réduira son principal taux directeur aussi vite que la Réserve fédérale. Des baisses de 50 points semblent très peu probables pour l’instant, et on peut penser qu’il y aura d’autres pauses comme celle de juillet dernier.
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