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Royce Mendes
Directeur général et chef de la stratégie macroéconomique
Banque du Canada : à plein régime vers les baisses de taux
Plus tôt cette année, nous avons écrit que la Banque du Canada (BdC) était engagée dans une course contre la montre pour réduire les taux d’intérêt en prévision de la vague de renouvellements hypothécaires à venir. L’apaisement des pressions inflationnistes et l’augmentation du taux de chômage signifient que les banquiers centraux doivent continuer d’abaisser le taux directeur à chacune de leurs prochaines réunions prévues, du moins jusqu’à ce que ce taux se situe dans une fourchette plus neutre. Si cela ne garantit pas un atterrissage en douceur dans un contexte de ralentissement de la croissance démographique, de resserrement des conditions d’octroi de crédit et de retour des conflits commerciaux, il s’agit de la meilleure façon d’éviter des difficultés inutiles liées aux renouvellements hypothécaires.
Les prévisions de la BdC quant à l’économie semblent trop optimistes. Dans le Rapport sur la politique monétaire de juillet, la banque centrale avait prévu un rebond marqué de l’activité au troisième trimestre, mais les indicateurs préliminaires laissent entrevoir une progression plus modeste. Les baisses de taux ne stimulent pas encore beaucoup le marché immobilier, ce qui nous surprend quelque peu. Le prix des propriétés et les taux hypothécaires, qui demeurent tous deux élevés, font en sorte que l’accès à la propriété demeure hors de portée pour plusieurs. Ces mêmes forces ont également freiné les passages à des propriétés de plus haut de gamme. La baisse des taux d’intérêt n’a pas non plus provoqué d’accélération de la consommation. Jusqu’à présent, les ménages demeurent prudents, bon nombre d’entre eux s’apprêtant à affronter une hausse de leurs paiements hypothécaires ou de leur loyer.
À mesure que les taux diminueront, nous nous attendons à ce que les ménages canadiens délient un peu les cordons de leur bourse. Le taux d’épargne des ménages a atteint 7,2 % au deuxième trimestre, soit le plus élevé depuis 1996 si l’on exclut la pandémie. Certains profiteront de cette marge de manœuvre pour payer des mensualités plus élevées sur leur prêt hypothécaire ou leur loyer. De plus, de nombreux ménages ont encore d’importantes épargnes dans leurs comptes bancaires. Cet argent rapporte des intérêts élevés. Afin de débloquer ces liquidités et d’éviter une récession, la question est de savoir à quelle vitesse la BdC doit assouplir sa politique. En date d’aujourd’hui, nous prévoyons qu’à ses six prochaines réunions, elle abaissera son taux directeur de 25 points de base, puis prendra une courte pause avant de poursuivre la détente jusqu’à un creux de 2,25 % d’ici la fin de 2025. Même si cette prévision était auparavant considérée comme très optimiste, le risque est désormais que les taux atteignent encore plus rapidement ce niveau plancher.
Les marchés OIS entrevoient une très faible probabilité seulement que les décideurs politiques choisissent de réduire le taux directeur de 50 points de base en octobre. Mais comme l’inflation est presque totalement maîtrisée, nous entrevoyons une possibilité un peu plus importante qu’une baisse de 50 points de base soit requise d’ici la fin de l’année. Des baisses standards de 25 points de base constituent toujours notre scénario principal, mais nous ne pouvons ignorer à quel point le discours entourant l’économie et l’inflation a changé. Les banques centrales du monde entier sont maintenant plus déterminées à freiner la détérioration du marché du travail qu’à en finir avec la lutte contre l’inflation.
Le communiqué accompagnant la décision monétaire de juillet soulignait que les dirigeants tentent de concilier les risques de hausse de l’inflation et les risques de baisse de l’économie. Celui qui viendra avec la décision de septembre devrait mettre davantage l’accent sur ces derniers. Le marché du travail a continué de se dégrader : la stagnation des embauches et la croissance toujours rapide de la population ont entraîné une hausse du taux de chômage.
À présent, le danger est que la BdC prenne du retard sur l’économie si les décideurs restent trop concentrés sur l’inflation encore légèrement supérieure à la cible. À la suite des précédents cycles de resserrement, les banques centrales ont souvent trop tardé à réagir aux signes de détérioration de l’économie. Réussir un atterrissage en douceur dans le cycle actuel sera encore plus difficile compte tenu des vulnérabilités du Canada et des défis auxquels le pays fera face dans les prochains trimestres. Les décideurs devront être alertes et agiles pour éviter de répéter les erreurs du passé.
Nous croyons que les dirigeants de la BdC sont conscients de l’évolution de la dynamique et qu’ils adopteront un ton plus accommodant la semaine prochaine. Ainsi, nous entrevoyons une certaine possibilité que les attentes de baisses de taux d’intérêt s’intensifient tant à court terme qu’à long terme. La probabilité implicite d’une réduction de 50 points de base devrait s’accroître, et le taux directeur attendu à la fin de 2025 devrait diminuer, passant de 2,75 % actuellement à un taux plus près de notre prévision de longue date de 2,25 %. En résumé, nous entrevoyons des baisses de taux plus expéditives que ce que le marché prévoit actuellement sur cet horizon. L’image des taux plus élevés pendant plus longtemps est chose du passé : nous avançons maintenant à plein régime vers les baisses de taux.
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Plus tôt cette année, nous avons écrit que la Banque du Canada (BdC) était engagée dans une course contre la montre pour réduire les taux d’intérêt en prévision de la vague de renouvellements hypothécaires à venir. L’apaisement des pressions inflationnistes et l’augmentation du taux de chômage signifient que les banquiers centraux doivent continuer d’abaisser le taux directeur à chacune de leurs prochaines réunions prévues, du moins jusqu’à ce que ce taux se situe dans une fourchette plus neutre. Si cela ne garantit pas un atterrissage en douceur dans un contexte de ralentissement de la croissance démographique, de resserrement des conditions d’octroi de crédit et de retour des conflits commerciaux, il s’agit de la meilleure façon d’éviter des difficultés inutiles liées aux renouvellements hypothécaires.
Les prévisions de la BdC quant à l’économie semblent trop optimistes. Dans le Rapport sur la politique monétaire de juillet, la banque centrale avait prévu un rebond marqué de l’activité au troisième trimestre, mais les indicateurs préliminaires laissent entrevoir une progression plus modeste. Les baisses de taux ne stimulent pas encore beaucoup le marché immobilier, ce qui nous surprend quelque peu. Le prix des propriétés et les taux hypothécaires, qui demeurent tous deux élevés, font en sorte que l’accès à la propriété demeure hors de portée pour plusieurs. Ces mêmes forces ont également freiné les passages à des propriétés de plus haut de gamme. La baisse des taux d’intérêt n’a pas non plus provoqué d’accélération de la consommation. Jusqu’à présent, les ménages demeurent prudents, bon nombre d’entre eux s’apprêtant à affronter une hausse de leurs paiements hypothécaires ou de leur loyer.
À mesure que les taux diminueront, nous nous attendons à ce que les ménages canadiens délient un peu les cordons de leur bourse. Le taux d’épargne des ménages a atteint 7,2 % au deuxième trimestre, soit le plus élevé depuis 1996 si l’on exclut la pandémie. Certains profiteront de cette marge de manœuvre pour payer des mensualités plus élevées sur leur prêt hypothécaire ou leur loyer. De plus, de nombreux ménages ont encore d’importantes épargnes dans leurs comptes bancaires. Cet argent rapporte des intérêts élevés. Afin de débloquer ces liquidités et d’éviter une récession, la question est de savoir à quelle vitesse la BdC doit assouplir sa politique. En date d’aujourd’hui, nous prévoyons qu’à ses six prochaines réunions, elle abaissera son taux directeur de 25 points de base, puis prendra une courte pause avant de poursuivre la détente jusqu’à un creux de 2,25 % d’ici la fin de 2025. Même si cette prévision était auparavant considérée comme très optimiste, le risque est désormais que les taux atteignent encore plus rapidement ce niveau plancher.
Les marchés OIS entrevoient une très faible probabilité seulement que les décideurs politiques choisissent de réduire le taux directeur de 50 points de base en octobre. Mais comme l’inflation est presque totalement maîtrisée, nous entrevoyons une possibilité un peu plus importante qu’une baisse de 50 points de base soit requise d’ici la fin de l’année. Des baisses standards de 25 points de base constituent toujours notre scénario principal, mais nous ne pouvons ignorer à quel point le discours entourant l’économie et l’inflation a changé. Les banques centrales du monde entier sont maintenant plus déterminées à freiner la détérioration du marché du travail qu’à en finir avec la lutte contre l’inflation.
Le communiqué accompagnant la décision monétaire de juillet soulignait que les dirigeants tentent de concilier les risques de hausse de l’inflation et les risques de baisse de l’économie. Celui qui viendra avec la décision de septembre devrait mettre davantage l’accent sur ces derniers. Le marché du travail a continué de se dégrader : la stagnation des embauches et la croissance toujours rapide de la population ont entraîné une hausse du taux de chômage.
À présent, le danger est que la BdC prenne du retard sur l’économie si les décideurs restent trop concentrés sur l’inflation encore légèrement supérieure à la cible. À la suite des précédents cycles de resserrement, les banques centrales ont souvent trop tardé à réagir aux signes de détérioration de l’économie. Réussir un atterrissage en douceur dans le cycle actuel sera encore plus difficile compte tenu des vulnérabilités du Canada et des défis auxquels le pays fera face dans les prochains trimestres. Les décideurs devront être alertes et agiles pour éviter de répéter les erreurs du passé.
Nous croyons que les dirigeants de la BdC sont conscients de l’évolution de la dynamique et qu’ils adopteront un ton plus accommodant la semaine prochaine. Ainsi, nous entrevoyons une certaine possibilité que les attentes de baisses de taux d’intérêt s’intensifient tant à court terme qu’à long terme. La probabilité implicite d’une réduction de 50 points de base devrait s’accroître, et le taux directeur attendu à la fin de 2025 devrait diminuer, passant de 2,75 % actuellement à un taux plus près de notre prévision de longue date de 2,25 %. En résumé, nous entrevoyons des baisses de taux plus expéditives que ce que le marché prévoit actuellement sur cet horizon. L’image des taux plus élevés pendant plus longtemps est chose du passé : nous avançons maintenant à plein régime vers les baisses de taux.