Le début d’année est souvent propice aux bilans et à la volonté d’adopter de nouvelles résolutions. Est-ce une bonne idée? Peut-être, dans la mesure où ces résolutions ne se transforment pas en sources de stress ou en pression pour atteindre des objectifs hors de portée. Mais pourquoi n’arrive-t-on pas à tenir ses résolutions, par exemple, en matière d’épargne? Voici de l’information pour comprendre comment fonctionne votre cerveau, et quelques conseils pour arriver à le déjouer.
« D’entrée de jeu, je préfère parler d’engagement, plutôt que de résolution », explique François Delorme, consultant et enseignant au département de sciences économiques de l’Université de Sherbrooke. Il mentionne que « faire part d’un engagement auprès de notre entourage, ou encore sur les médias sociaux, facilite la capacité à le maintenir. »
Ainsi, jusqu’à un certain degré, le regard et l’encouragement des pairs peuvent sainement influencer les comportements : « Plus c’est public, visible et transparent, plus c’est atteignable. Puisque le cerveau a tendance à nous jouer des tours en matière de résolutions, c’est par l’engagement que les réelles transformations ont plus de chances de s’accomplir. » M. Delorme souligne également que la mise en place de certains mécanismes favorise l’application et le maintien de ces fameuses résolutions, établissant certains parallèles avec la course à pied : « Il faut d’abord commencer par marcher avant de courir, sur des distances graduellement plus grandes. »
Actionner les bons mécanismes
Le spécialiste en économie comportementale cite en exemple les finances personnelles : « L’activation des versements automatisés dans un compte dédié à l’épargne s’avère réellement efficace pour atteindre nos objectifs d’épargne. » L’effort que représentent les opérations manuelles peut nous inciter à délaisser rapidement cette pratique. Les versements automatiques pourraient alors vous donner un petit « coup de pouce » pour renforcer votre engagement à épargner.
Réduire la charge mentale
Autre exemple, de nombreuses études concluent que les employés qui cotisent automatiquement au régime enregistré d’épargne-retraite (REER) de leur organisation seront plus portés à utiliser ce levier d’épargne, surtout si ce mécanisme est activé par défaut et lorsque l’employé n’a pas à poser d’action pour activer les versements automatiques. Or, on observe que l’effort requis pour cotiser à un REER en prenant soi-même l’initiative, plutôt que par l’entremise de l’employeur, réduira de façon significative le taux de participation.
Transformer certaines résolutions en engagements, accompagnés de « coups de pouce », permet donc d’accroître de manière très tangible la capacité à les respecter.
De l’optimisme au réalisme
Le spécialiste nous prévient : surestimer sa capacité d’épargner se transforme parfois en facteur de découragement et de désengagement. Au point de voir les résolutions devenir une cause d’anxiété. C’est vrai au gym, comme avec notre épargne.
« Si une personne décide de consacrer une trop grande portion de ses revenus à l’épargne et qu’elle ne parvient pas à maintenir cet objectif, elle pourrait ressentir, un jour ou l’autre, l’impact néfaste de cet optimisme excessif. Effectivement, en surestimant sa capacité à atteindre son objectif, elle finira par se décourager et alors abandonner sa résolution financière. » Il est donc préférable de demeurer réaliste.
De la résolution au plaisir de l’habitude
Pour contrecarrer ce parfois trop grand optimisme, François Delorme conseille de fixer une série de petits objectifs atteignables, ce qui favorisera le plaisir de la gratification. Par exemple, décider de faire trois séances d’exercices de quinze minutes par semaine est plus réaliste et atteignable que de se fixer trois séances d’une heure. « Plus ce sera facile au départ, plus les changements vont se transformer en habitudes. Parfois même au point de convertir cette nouvelle habitude en besoin dont on ne pourra plus se passer! », illustre-t-il en évoquant à nouveau la course à pied.
Objectifs : par où commencer?
« Débuter par automatiser l’épargne d’un très petit montant chaque semaine est un objectif atteignable pour la majorité des personnes », cite en exemple François Delorme. « Au bout d’un certain temps, les épargnants réalisent le potentiel d’augmenter ce montant de manière graduelle au fil des mois, puis des années. »
Comme un coach ou un entraîneur, l’accompagnement d’un conseiller financier génère aussi une différence notable : « Le rôle des conseillers évolue et les clients ont tout intérêt à faire confiance à leur capacité à trouver des solutions et des recommandations profitables. »
À terme, ces résolutions, transformées en engagements puis en habitudes, s’avèrent à la fois bonnes pour la tête, le cœur et les finances. Les fameuses résolutions deviennent alors gratifiantes et apaisantes, en dehors du stress et de toute pression extérieure. Bon engagement!