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Hendrix Vachon
Économiste principal
Une première baisse des taux directeurs en zone euro, mais les prochaines s’annoncent graduelles
Selon la Banque centrale européenne (BCE)
- La BCE a décidé de réduire ses taux directeurs de 25 points. Le taux d’intérêt des opérations principales de refinancement ainsi que ceux de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt sont respectivement abaissés à 4,25 %, à 4,50 % et à 3,75 %.
- Malgré les progrès observés ces derniers trimestres, les tensions sur les prix d’origine interne restent fortes, en raison de la croissance élevée des salaires, et l’inflation devrait rester supérieure à l’objectif pendant une grande partie de l’année prochaine.
- Les prévisions d’inflation ont été relevées de 0,2 % pour 2024 et pour 2025. L’inflation devrait atteindre 2,5 % en moyenne cette année, contre 2,2 % l’an prochain. La prévision pour 2026 demeure inchangée, à 1,9 %.
- Excluant l’énergie et les produits alimentaires, la variation des prix devrait s’établir à 2,8 % en 2024, à 2,2 % en 2025 et à 2,0 % en 2026. Il s’agit de révisions à la hausse de 0,2 % pour 2024 et de 0,1 % pour 2025.
- Les nouvelles prévisions tablent sur une croissance du PIB réel de 0,9 % en 2024, de 1,4 % en 2025 et de 1,6 % en 2026. Il s’agit d’une révision à la hausse de 0,3 % pour 2024 et d’une révision à la baisse de 0,1 % pour 2025.
Commentaires
La décision d’aujourd’hui ne surprendra pas beaucoup de gens. La BCE avait assez bien télégraphié cette première baisse. Ce que l’on cherchait à décrypter aujourd’hui était surtout le rythme des prochains assouplissements. À cet égard, la BCE est demeurée assez vague, laissant croire à une réduction très graduelle des taux directeurs pour le reste de l’année.
Certes, l’inflation a beaucoup diminué depuis son sommet de 2022, suffisamment pour commencer à réduire le degré de restriction monétaire. Toutefois, l’inflation demeure au-dessus de sa cible et ce n’est pas tous les indicateurs qui sont réconfortants. La BCE met, entre autres, les projecteurs sur des pressions internes encore élevées sur les prix. En particulier, la croissance des salaires demeure historiquement forte et pourrait compromettre un retour à la cible d’inflation (graphique). Les prévisions d’inflation ont d’ailleurs été révisées à la hausse pour 2024 et pour 2025. Cela dit, la BCE anticipe que ces pressions internes sur les prix, incluant les salaires, diminueront en cours d’année, grâce notamment à une politique monétaire encore restrictive malgré l’assouplissement décrété aujourd’hui. L’économie s’accélère, mais reste encore faible, ce qui maintient des conditions désinflationnistes. La BCE semble aussi rassurée par le fait que les entreprises ont tendance à absorber les hausses de salaire via une réduction de leurs bénéfices plutôt que de nouvelles hausses de prix.
Implications
La BCE rejoint aujourd’hui la Banque nationale suisse, la Banque de Suède et la Banque du Canada dans un nouveau cycle de baisses de taux d’intérêt. C’est une bonne nouvelle pour les emprunteurs et pour les perspectives économiques. Cela dit, la route pour la normalisation des taux directeurs s’annonce longue. Comme l’a rappelé la gouverneure Christine Lagarde, cette route sera ponctuée d’embûches. L’inflation ne diminuera probablement pas de façon constante et certains indicateurs continueront de susciter des doutes. En conséquence, nous continuons de miser pour une diminution graduelle des taux directeurs en zone euro, à un rythme d’environ une baisse de 25 points par trimestre.
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