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Prévisions économiques et financières

Après l’inflation élevée, le ralentissement économique devient une source de préoccupation

22 août 2024
Jimmy Jean • Randall Bartlett • Benoit P. Durocher • Royce Mendes • Hélène Bégin • Tiago Figueiredo
Francis Généreux • Lorenzo Tessier-Moreau • Hendrix Vachon

Faits saillants

  • Ces prévisions ne tiennent pas comptent du conflit de travail dans le secteur ferroviaire. Les répercussions économiques et financières de ce dernier dépendront de la durée de l’arrêt des activités.
  • L’économie mondiale montre des signaux mixtes. La croissance de l’économie chinoise a ralenti au deuxième trimestre et les premiers indicateurs pour le troisième trimestre ne suggèrent pas de forte accélération. En zone euro, l’économie allemande s’est de nouveau contractée au printemps et le PIB réel italien a ralenti, mais les autres économies de la zone, dont la France et l’Espagne, ont bien tenu et le PIB réel eurolandais a connu au deuxième trimestre sa meilleure croissance depuis l’été 2022. La diminution des indices PMI suggère cependant des gains modestes en deuxième moitié de 2024. Les progrès sur l'inflation en zone euro se poursuivent à un rythme plus lent, ce qui devrait inciter la Banque centrale eurolandaise à demeurer prudente dans son assouplissement monétaire.
  • Aux États‑Unis, les croissances du PIB réel et de la demande intérieure finale sont demeurées fortes au second trimestre de 2024. Cela dit, la volatilité des marchés au cours de l’été a alimenté les discussions sur une possible récession au sud de la frontière. Certains indicateurs ont certes faibli en juillet, notamment à cause du passage de l’ouragan Beryl, mais pas suffisamment pour laisser craindre une récession. On anticipe néanmoins des progressions un peu plus lentes du PIB réel au cours des prochains trimestres. L’inflation a continué de ralentir durant les derniers mois aux États‑Unis, ce qui devrait amener la Réserve fédérale à amorcer ses baisses de taux directeurs dès la réunion de septembre.
  • L’économie canadienne continue d’avancer tant bien que mal. Les baisses du taux directeur en juin et en juillet, rendues possibles par le ralentissement de l’inflation, ont insufflé un certain optimisme quant à la possibilité de voir un assouplissement important des taux d’intérêt. Cependant, même si nous croyons que la Banque du Canada réduira le taux du financement à un jour à chacune de ses réunions d’ici la fin de 2024, puis qu’elle poursuivra le travail en 2025, des vents contraires économiques continuent de souffler. Un grand nombre de prêts hypothécaires seront renouvelés à des taux d’intérêt plus élevés en 2025 et en 2026. Et si le gouvernement fédéral concrétise ses plans de réduction du nombre de résidents non permanents au pays, la croissance de la population sera fortement amputée par rapport au rythme effréné qui l’a caractérisée ces dernières années. L’abordabilité des propriétés devrait toutefois s’améliorer quelque peu, en partie à cause des dépenses publiques considérables destinées à stimuler l’offre. De plus, nos travaux Lien externe au site. indiquent que grâce à la mise en service de l’oléoduc TMX en mai 2024, le Canada devrait bénéficier à moyen terme d’un soutien additionnel provenant de la production et de l’exportation d’énergie.
  • L’économie du Québec a renoué avec la croissance en 2024 après avoir traversé une période difficile l’an dernier. Le recul du PIB réel a presque totalisé 2 % du printemps 2023 jusqu’à la fin de l’année. L’activité économique a ensuite rebondi de 3,6 %, à un rythme annualisé, dès le premier trimestre de 2024. La solide remontée s’est poursuivie avec une hausse du PIB réel de 0,6 % en avril. Le secteur résidentiel semble cette fois aux premières loges de la vigueur de l’économie. Cela dit, la détérioration du marché du travail continue puisque le niveau d’emploi a fléchi en mai et en juin. Le taux de chômage a ainsi augmenté à 5,7 % conformément à notre scénario de prévisions, qui table sur une remontée du taux de chômage légèrement au‑delà de 6 % au cours des prochains mois. La vigueur de l’économie québécoise depuis le début de 2024 permettra au marché de l’emploi de se rétablir l’an prochain, le temps que la situation financière des entreprises s’améliore et que leur niveau de confiance se redresse davantage.

Risques inhérents aux scénarios

Bien que l’inflation se modère, elle demeure au‑dessus de sa cible dans la plupart des pays. Sauf pour la Banque du Japon, les probabilités de hausses de taux d’intérêt supplémentaires restent faibles, mais ceux‑ci pourraient demeurer élevés pour une période prolongée si les progrès du côté de l’inflation étaient insuffisants. Il y a aussi une bonne dose d’incertitude entourant l’effet retardé des taux d’intérêt élevés sur la croissance économique. La poursuite des renouvellements hypothécaires à des taux plus élevés que les précédents pourrait se traduire par un trop grand nombre d’emprunteurs en difficulté de paiement au Canada. À cela s’ajoutent les pressions croissantes sur les locataires. Cela est sans compter que des mises à pied pourraient se mettre en branle, ce qui ferait augmenter le taux de chômage d’une manière plus néfaste, avec des effets adverses sur le marché de l’habitation et le crédit en général. Le rapport décevant sur l'emploi aux États‑Unis en juillet a déclenché une brève correction des marchés qui pourrait ne pas être la dernière, provoquant un renversement rapide des positions au sein des marchés et des classes d'actifs. Aux États‑Unis, l’élection présidentielle de novembre pourrait changer la donne. Un résultat serré pourrait causer de l’instabilité sociale. Un retour de Donald Trump à la Maison‑Blanche pourrait susciter de l’incertitude, notamment en ce qui a trait au commerce international et à l’indépendance de la Réserve fédérale. Quel que soit le vainqueur, la détérioration des finances publiques, aux États‑Unis (comme ailleurs), pourrait entraîner une révision à la baisse des notations de crédit et, possiblement, une hausse des taux d’intérêt à long terme. L’économie mondiale, les marchés financiers et les prix des matières premières pourraient aussi connaître davantage d’instabilité advenant une détérioration de l’environnement géopolitique, y compris une escalade des affrontements au Moyen‑Orient, et l’élection de gouvernements populistes et protectionnistes. Du point de vue des devises, si l’économie mondiale se détériore fortement, plusieurs investisseurs pourraient préférer trouver refuge auprès du dollar américain, ce qui l’aiderait à s’apprécier. Le risque de correction serait plus élevé pour les devises des pays émergents et les devises liées aux matières premières.


Scénario financier

La Banque du Canada vient de décréter deux réductions de taux d’intérêt de suite et nous croyons qu’elle poursuivra sur cette voie d’ici la fin de l’année. Par rapport à nos prévisions précédentes, nous avons ajouté une baisse de 25 points de base d’ici la fin de 2024. Nous prévoyons encore six autres baisses en 2025. Avec l’inflation qui s’est améliorée, l’attention peut maintenant davantage être portée sur l’état de l’économie et du marché du travail. La poursuite des baisses de taux d’intérêt devrait permettre d’éviter un atterrissage en douleur au Canada et surtout de faire face à la vague difficile des renouvellements hypothécaires en vue pour 2025 et 2026. Du côté américain, les progrès sur l’inflation et les données économiques plus mitigés laissent également croire en plusieurs diminutions de taux d’intérêt au cours des prochains trimestres. Le dollar canadien pourrait demeurer à l’intérieur de sa fourchette récente pour quelques mois encore. Une appréciation devrait prendre forme l’an prochain, conformément à notre hypothèse d’atterrissage en douceur pour l’économie canadienne et avec le maintien d’un certain appétit pour le risque des investisseurs. Nous prévoyons également une hausse modérée des prix des produits de base due à la baisse des taux d'intérêt, qui devrait soutenir la demande, particulièrement dans les économies avancées.


Tableaux de prévisions





NOTE AUX LECTEURS : Pour respecter l’usage recommandé par l’Office québécois de la langue française, nous employons dans les textes, les graphiques et les tableaux les symboles k, M et G pour désigner respectivement les milliers, les millions et les milliards. MISE EN GARDE : Ce document s’appuie sur des informations publiques, obtenues de sources jugées fiables. Le Mouvement Desjardins ne garantit d’aucune manière que ces informations sont exactes ou complètes. Ce document est communiqué à titre informatif uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente. En aucun cas, il ne peut être considéré comme un engagement du Mouvement Desjardins et celui-ci n’est pas responsable des conséquences d’une quelconque décision prise à partir des renseignements contenus dans le présent document. Les prix et les taux présentés sont indicatifs seulement parce qu’ils peuvent varier en tout temps, en fonction des conditions de marché. Les rendements passés ne garantissent pas les performances futures, et les Études économiques du Mouvement Desjardins n’assument aucune prestation de conseil en matière d’investissement. Les opinions et les prévisions figurant dans le document sont, sauf indication contraire, celles des auteurs et ne représentent pas la position officielle du Mouvement Desjardins.