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Francis Généreux
Économiste principal
États-Unis : croissance modeste des ventes au détail, mais bonne progression de la production manufacturière
Faits saillants
- Les ventes au détail ont augmenté de 0,1 % en mai, après une baisse de 0,2 % (révisée de 0,0 %) en avril. Excluant les autos et l’essence, les ventes affichent aussi une croissance de 0,1 %.
- La production industrielle a augmenté de 0,9 % en mai, après avoir stagné en avril.
Commentaires
On sent un peu plus de faiblesse du côté des dépenses des ménages américains. Mai est le deuxième mois consécutif où la variation mensuelle des ventes totales se situe sous le consensus des prévisionnistes. Pour le mois dernier, celui‑ci tablait sur un gain de 0,3 %. Cela dit, la situation est encore loin d‘être dramatique. Les baisses subies en mai sont aussi loin d’être généralisées. Les reculs sont surtout concentrés au sein des magasins de meubles (-1,1 %) et dans les centres de rénovation (-0,8 %), en plus de la baisse plus inattendue chez les restaurateurs (-0,4 %). Dans les premiers cas, on peut voir un effet normal des hauts taux d’intérêt, du ralentissement du crédit à terme et du tarissement de l’épargne excédentaire accumulée pendant la pandémie. Il est cependant difficile de voir dans les chiffres de mai des signes que les ménages limitent davantage leurs dépenses discrétionnaires alors que les magasins associés aux loisirs (+2,8 %) ont enregistré leur plus forte hausse mensuelle depuis février 2022. Les magasins de biens électroniques (+0,4 %), les boutiques de vêtements (+0,9 %) et les magasins en ligne (+0,8 %) ont aussi assez bien fait en mai. De plus, en ajustant pour les fluctuations de prix selon les différentes catégories de détaillants, la situation paraît meilleure. Les ventes au détail réelles auraient augmenté de 0,3 % en mai, après une baisse de 0,3 % en avril. Cela dit, si l’on regarde l’ensemble du deuxième trimestre jusqu’à maintenant, les données des ventes au détail d’avril et de mai pointent vers une croissance relativement lente de la consommation réelle.
La hausse de la production industrielle en mai était déjà en partie prévisible grâce à la bonne tenue des heures travaillées dans le secteur de la fabrication au cours du mois dernier. Cela dit, cette meilleure croissance mensuelle depuis juillet 2023 est tout de même bienvenue. Elle provient à la fois de hausses du secteur minier (+0,3 %) et de la production d’énergie (+1,6 %), mais aussi d’un gain de 0,9 % de la fabrication. On observe entre autres un bond de 2,3 % de côté de la machinerie, soit la plus forte croissance mensuelle de ce secteur depuis décembre 2021. C’est peut‑être le premier signe d’une accélération de l’investissement en équipement après la forte progression de la construction en 2023 dans le secteur manufacturier, une conséquence des efforts du gouvernement fédéral visant à stimuler l’industrie américaine. Toujours au sein de la fabrication, on observe aussi de bonnes hausses du côté du secteur pétrolier (+2,8 %) et du secteur des produits chimiques (+1,8 %). Il reste à voir si cet élan se poursuivra au cours des prochains mois et trimestres.
Implications
Les résultats de mai des ventes au détail se montrent un peu décevants même si, en termes réels, la situation paraît moins mauvaise. On sent néanmoins un certain essoufflement de la consommation. Il est cependant intéressant de voir que les entreprises, par le biais d’une meilleure croissance de la production manufacturière, pourraient en partie prendre le relais. Ces données ne changent pas vraiment la donne pour la Réserve fédérale, qui devrait attendre à ses dernières réunions de l’année avant d’entamer une réduction de ses taux directeurs.
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