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Nouvelles économiques

États-Unis : le ralentissement de la création d’emplois n’aura pas duré

7 juin 2024
Francis Généreux
Économiste principal

Faits saillants

  • L’Enquête auprès des entreprises indique qu’il y a eu 272 000 embauches nettes en mai.
  • Le salaire horaire moyen s’est réaccéléré en mai avec une croissance de 0,4 %, comparativement à 0,2 % en avril. Sa variation annuelle est de 4,1 %.
  • L’Enquête auprès des ménages montre cependant une baisse du nombre d’emplois et le taux de chômage a augmenté de 0,1 %, pour s’établir à 4,0 %.

Commentaires

Alors que les résultats du mois d’avril suggéraient que le ralentissement longtemps attendu du marché du travail commençait à s’opérer, les données du mois de mai jettent clairement un pavé dans la mare. Le gain net de 272 000 emplois dépasse de loin les attentes du consensus qui s’établissait à environ 180 000 embauches. Il se rapproche davantage de la moyenne de 273 000 nouveaux emplois par mois qui prévalait entre décembre 2023 et mars 2024. Le résultat de mai fait aussi en sorte que la croissance de l’emploi se montre décidément très bonne jusqu’à maintenant en 2024. Il y a eu 1 239 000 embauches depuis janvier, ce qui est relativement semblable aux 1 496 000 embauches enregistrées durant les cinq premiers mois de 2023.

 

On remarque aussi que la proportion des 250 secteurs d’activité avec une croissance du nombre de travailleurs est passée de 56,6 % en avril à 63,4 % en mai. C’est le plus haut taux depuis janvier 2023 (ou il s’était créé 482 000 emplois). Donc, l’amélioration du marché du travail au cours du mois dernier a aussi été généralisée. Cela dit, on remarque tout de même des reculs du nombre d’employés, notamment dans les grands magasins (-4 800), les magasins de meubles (-3 900), le transport par camion (-5 400) et au sein des services d’emplois temporaires (-14 100). Dans ce dernier cas, cela représente une 25e baisse mensuelle en 26 mois pour un total de 452 000 emplois en moins dans ce secteur depuis le printemps de 2022.

 

La bonne tenue de l’emploi a évidemment une incidence positive sur les salaires. Le salaire horaire moyen a bondi de 0,4 % en mai, sa plus forte croissance mensuelle depuis janvier. Alors que d’autres données du marché du travail portant sur les offres d’emplois en avril laissaient espérer un ralentissement plus évident des salaires, les résultats de mai laissent croire que leur croissance pourrait continuer d’alimenter l’inflation, notamment du côté des services.

 

Alors que l’Enquête auprès des entreprises montre un marché du travail ravivé, c’est le contraire du côté de l’Enquête auprès des ménages. La baisse de 408 000 emplois selon celle-ci serait le pire résultat mensuel depuis décembre 2023. Le clivage déjà important entre les deux enquêtes s’agrandit donc encore. Cela dit, il faut rappeler que l’Enquête auprès des ménages est moins fiable et plus volatile et que sa marge d’erreur des variations mensuelles (±600 000 emplois) est bien plus grande que celle de l’Enquête auprès des entreprises (±130 000 emplois).

Implications

Le marché du travail américain est encore très résilient et les résultats de mai nous font vite oublier le court ralentissement observé en avril. Dans ces circonstances et avec les salaires qui s’accélèrent, la Réserve fédérale restera évidemment sur les lignes de côté à sa réunion de la semaine prochaine. Alors que d’autres banques centrales ont entamé un assouplissement de leur politique monétaire, il ne devrait se concrétiser aux États-Unis qu’à partir de novembre.






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