États-Unis : l’année 2023 se termine avec une autre création d’emplois plus forte que prévu

Le marché du travail américain s’est montré en décembre à l’image de ce qui l'a caractérisé presque tout au long de l’année : résilient et surprenant. Encore une fois, la création d’emplois s’est avérée plus forte que le consensus, qui tablait sur un gain de 175 000 emplois. Cette bonne performance est d’autant plus étonnante qu’il n’y a pas de facteur ponctuel (comme la fin de la grève du secteur automobile pour les chiffres de novembre) pour l’appuyer. Le seul bémol est la révision à la baisse des chiffres des mois précédents, pour un total de 71 000 emplois en moins par rapport à ce qui avait été annoncé le mois dernier (soit de 199 000 à 173 000 pour novembre et de 150 000 à 105 000 pour octobre).

La résilience du marché du travail en décembre se manifeste aussi par le plus grand nombre de secteurs en croissance. La proportion des 250 secteurs répertoriés qui ont connu une hausse du nombre de travailleurs en décembre est passée à 59,6 %. C’est mieux que les 56,6 % de novembre et que la moyenne de 57,7 % enregistrée au cours des 11 premiers mois de l’année 2023. Il y a tout de même eu certaines poches de faiblesse le mois dernier. On remarque avant tout les 22 600 emplois de moins dans le secteur des transports et de l’entreposage (surtout chez les coursiers et messagers) ainsi que la perte de 33 300 postes au sein des services d’aide temporaires. Contrairement à novembre, il s’est créé 17 400 emplois chez les détaillants, mais les grands magasins ont tout de même réduit leur main-d’œuvre de 12 700 travailleurs. Parmi les secteurs affichant un plus grand nombre d’employés, on remarque de légères accélérations dans la construction, la restauration et au sein des administrations publiques.

Comme bilan de l’année, on ne peut passer à côté du fait que le marché du travail américain s’est montré bien plus fort que prévu pendant presque toute l’année. Certes, la création annuelle d’emplois a ralenti par rapport à l’année précédente, mais 2022 profitait encore du rattrapage postpandémique. À l’image de la situation économique en général, on ne peut qu’admirer la résilience de l’emploi américain face à plusieurs défis qui l’ont menacé tout au long de 2023. On pense avant tout aux taux d’intérêt élevés, mais aussi à la hausse des coûts, aux différentes incertitudes comme la crise bancaire de mars dernier, aux multiples conflits de travail ainsi qu’aux restructurations vécues par plusieurs secteurs, notamment dans les entreprises technologiques. Il reste maintenant à voir si cette résilience se poursuivra tout au long de la nouvelle année. Nous continuons de tabler sur davantage de faiblesse pour le marché du travail au cours de 2024, une condition qui semble nécessaire afin de faire ralentir les salaires (qui sont restés forts en décembre avec un autre gain mensuel de 0,4 % du salaire horaire moyen) et l’inflation.

Le marché du travail américain demeure en grande santé. Les embauches mensuelles ont terminé l’année 2023 avec leur meilleure performance depuis septembre. Cette résilience pourrait faire sourciller les dirigeants de la Réserve fédérale, mais probablement pas assez pour déroger du statu quo à court terme.