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Nouvelles économiques

Canada : le marché du travail est moins vigoureux que la progression de l’emploi pourrait le laisser croire

1 décembre 2023
Marc Desormeaux
Économiste principal

Faits Saillants

  • L’emploi total net au Canada n’a augmenté que de 25 000 postes en novembre 2023. Le taux de chômage a grimpé à 5,8 %, prolongeant la légère hausse enregistrée depuis le début de cette année. Le tableau 1 présente les principales données.
  • Notre prévision pour le T4 2023 n’a guère changé. Nous nous attendons toujours à une croissance annualisée du PIB réel de près de 0,5 %. Cette estimation correspond à peu près à celle de la Banque du Canada (BdC), soit une augmentation de 0,8 %.

Implications

L’économie canadienne continue de créer un nombre décent d’emplois, bien qu’il soit évident que la hausse des taux d’intérêt freine la croissance. Les données de novembre ont été plus positives que de nombreux rapports récents, les nouveaux emplois étant concentrés dans le travail à temps plein et le secteur privé. Mais les gains d’emploi ralentissent et sont toujours en retard sur le rythme de la croissance démographique (graphique 1).

La durabilité des gains du côté des salaires des employés permanents (graphique 2) est conforme à ce que nous observons dans l’inflation fondamentale. Ces salaires sont suivis étroitement par la BdC pour mesurer les signes d’une possible inflation par augmentation salariale. Même si la réaccélération observée plus tôt cette année semble être chose du passé, la progression soutenue de près de 5 % en variation annuelle présente toujours un risque de pressions haussières sur les prix. Cela dit, la faiblesse des heures et de l’emploi est probablement le signe prospectif sur lequel la BdC insistera le plus. En fait, cette faiblesse pourrait être une réaction aux coûts élevés de la main-d’œuvre, qui sont maintenant l’un des principaux problèmes des entreprises selon divers sondages. Les pressions salariales devraient donc s’estomper tôt ou tard.

On dirait qu’on aborde les répercussions de l’explosion démographique sur l’inflation et la politique monétaire tous les mois, et aujourd’hui ne fait pas exception. Le rythme de croissance record observé récemment semble vouloir se calmer, mais les gains restent très forts (graphique 3). Alors que la BdC tente de calmer les pressions sur les prix, l’augmentation fulgurante des gains salariaux a le potentiel de stimuler la demande de biens et de services et de relancer l’inflation. Au fil du temps, ces gains devraient toutefois continuer d’accroître l’offre de travailleurs disponibles et réduire les pénuries de main-d’œuvre et une possible inflation par augmentation salariale. Le nombre de chercheurs d’emplois a augmenté de 19 % depuis janvier, ce qui contribue au recul du taux de postes vacants. 

Nous sommes donc toujours d’avis que la prochaine décision de la BdC sera une baisse, annoncée au T2 2024. Malgré les gains de novembre, le marché du travail ralentit. De plus, la faiblesse de l’économie est manifeste dans les chiffres du PIB du T3 Lien externe au site. S'ouvre dans une nouvelle fenêtre. publiés hier, et les consommateurs et les entreprises du Canada n’ont même pas encore pleinement ressenti les effets des hausses de taux précédentes. Ainsi, nous continuons de prévoir que l’économie canadienne connaîtra des difficultés au cours des prochains trimestres.