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Jimmy Jean
Vice-président, économiste en chef et stratège
Une « dernière chose » avant le feu vert aux baisses de taux
La tendance actuelle sert toujours bien la Banque du Canada (BdC). Le premier trimestre s’est terminé en queue de poisson, ce qui a entraîné un début de T2 timide. Les marchés ont rapidement tempéré leurs attentes à l’égard d’une baisse de taux en juin à la suite de la forte création d’emplois enregistrée en avril, mais c’était peut-être un peu hâtif comme réaction. La BdC se concentre sur les capacités excédentaires du marché du travail, et les données de l’emploi d’avril montrent qu’il y en a encore beaucoup. La faiblesse des indicateurs de cette semaine, concernant les ventes des grossistes et des fabricants, confirme que l’économie est encore chancelante.
Il y a trois mois, certains misaient aussi exagérément sur la possibilité de voir les baisses de taux d’intérêt faire exploser l’activité sur le marché de la propriété ce printemps. Pourtant, le mois d’avril a été lui aussi plus tranquille Lien externe au site. à ce chapitre. Les ventes ont chuté plus que la moyenne nationale au Québec. Dans le grand Toronto, les ventes ont diminué pour un troisième mois consécutif. La région a également enregistré son plus faible trimestre de ventes de nouvelles copropriétés depuis 2009. À Vancouver, certains promoteurs redonnent même les dépôts aux acheteurs, car ils doivent mettre un terme à des projets qui n’atteignent pas les seuils de prévente. Avec les inscriptions en hausse, on a l’impression que les vendeurs sont les plus enthousiastes, tandis que les acheteurs se font plus discrets.
Ce scénario est assez cohérent avec ce que nous attendions. Nos travaux Lien externe au site. ont indiqué que les baisses de taux anticipées ne feraient qu’améliorer l’abordabilité à la marge. Le véritable défi pour la BdC est possiblement la persistance du manque d’accès à la propriété, qui continue de faire pression sur le marché locatif, entraînant des augmentations de loyer et retardant ainsi la possibilité d’une véritable réduction de l’inflation dans la composante logement. C’est bien différent que de se préoccuper d’une nouvelle flambée immobilière.
Les développements du côté américain cette semaine n’ont pas non plus causé de soucis à la BdC. Les données rassurantes sur l’inflation et les ventes au détail publiées au sud de la frontière ont donné un petit coup de pouce au huard, alors que le dollar américain a reculé devant la plupart des devises cette semaine. Donc, pour l’instant, pas de problème : le dollar canadien ne devrait pas empêcher la BdC de réduire les taux. Les recherches menées par notre équipe de stratégie macroéconomique indiquent que les écarts de taux d’intérêt ont moins influencé le dollar canadien que d’autres facteurs comme l’indice USD (excluant de $CAN), le sentiment à l’égard du risque et le prix du pétrole. La transmission directe des mouvements de change à l’inflation canadienne est également assez modeste. Pour inciter la BdC à agir, l’argument le plus convaincant serait une hausse considérable des exportations qui viendrait stimuler l’activité économique de façon notable. Mais une telle hausse n’est plausible que si le huard se rend à un niveau beaucoup plus bas et y demeure longtemps.
Dans l’ensemble, et dans un contexte de début des baisses de taux en juin, nous considérerons tous ces développements comme étant positifs, mais comme Steve Jobs le disait si bien : il y a « une dernière chose ». Cette chose, c’est le rapport sur l’IPC d’avril, à paraître mardi prochain. Si notre prévision de recul de l’inflation fondamentale se concrétise, la baisse de juin sera presque dans la poche. Nos projections Lien externe au site. mises à jour publiées cette semaine anticipent trois nouvelles réductions en cours d’année, ce qui ferait passer le taux des fonds à un jour à 4 %.
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