Workleap : devenir employeur, est-ce que ça s’apprend ?
En 2006, Simon De Baene a lancé sa petite boîte de développement logiciel avec deux amis et une grande ambition : faire souffler un vent de fraîcheur sur le milieu des technos au Québec. Aujourd’hui, le trentenaire pilote une entreprise florissante qui compte 400 employés et quelque 20 000 clients partout dans le monde.
« On trouvait que le monde des TI [technologies de l’information] était un peu gris », raconte Simon De Baene en invoquant la motivation derrière le lancement de GSoft (aujourd’hui Workleap). Avec ses partenaires et amis Guillaume Roy et Sébastien Leduc, l’entrepreneur aspirait alors à dynamiser le milieu des TI. Adieu les cubicules gris et l’ambiance terne; bonjour la culture et l’esprit d’innovation inspirés de la Silicon Valley.
La firme montréalaise a fait ses premières armes en développant des outils technologiques sur mesure pour les entreprises québécoises, une belle école qui a préparé l’équipe pour la prochaine étape de son histoire : créer ses propres produits. Ces derniers sont destinés à améliorer l’expérience employé sous différents angles, de l’intégration d’un nouveau coéquipier ou d’une nouvelle coéquipière au développement des compétences en passant par la gestion des outils de productivité.
« En affaires, il y a une foule de variables qu’on ne peut pas contrôler. L’expérience au travail, c’est l’une des choses sur lesquelles on peut exercer le plus de contrôle. »
- Simon De Baene, cofondateur et président-directeur général, Workleap
Être un bon employeur avant tout
Dès ses débuts, l’entreprise a elle-même voulu créer un environnement de travail où il fait bon évoluer. « Pas pour être dans les palmarès des meilleurs employeurs, mais parce qu'on comprenait que notre succès allait avant tout passer par les gens, nuance Simon De Baene. On doit créer les conditions gagnantes pour que nos équipes aient envie de performer, en leur donnant les bons outils, des défis stimulants et des objectifs ambitieux, et en les entourant de gens talentueux. » Les personnes à l’emploi de Workleap sont d’ailleurs les premières utilisatrices — et les premiers cobayes ! — de son écosystème de logiciels.
« On a la conviction que le travail d’excellence et l’engagement passent par l’expérience employé. C’est pourquoi, avec nos outils, on cherche à rendre le travail plus simple, plus humain et plus efficace. »
-Simon De Baene, cofondateur et président-directeur général, Workleap
L’entrepreneur se souvient de ses premières embauches, à une époque où ça ne se bousculait pas aux portes pour intégrer la jeune pousse. « On a commencé en recrutant des amis et des collègues de classe », relate Simon De Baene. Dix-sept ans et une pandémie plus tard, la boîte a connu une croissance fulgurante, ses outils répondant à un besoin réel dans un univers professionnel en transformation. Le défi n’est plus de recruter, mais surtout de savoir s'adapter avec la croissance. « Tes premiers 10 employés, 40, puis 100… chaque jalon vient avec ses propres enjeux », affirme le chef d’entreprise.
Faire les choses autrement
Un autre grand jalon se profile justement à l’horizon pour la firme technologique, qui vient de lever un financement de 125 millions de dollars. « Ça faisait 17 ans que nous étions bootstrapped — c’est-à-dire autofinancés — et que nous étions entièrement aux commandes », précise Simon De Baene. C’est donc un nouveau chapitre qui s’amorce.
L’entrepreneur croit que les bases sur lesquelles s’est bâti le succès de Workleap sont encore très solides. « J’attribue ça entre autres au fait que les trois fondateurs jouent encore un rôle actif dans l’organisation, dit-il. Oui, l’entreprise va évoluer, mais on va continuer de faire les choses à notre façon, en y ajoutant un petit quelque chose de fun. »
Question pop-up
Si c'était à refaire, que feriez-vous différemment ?
« Ma meilleure décision aura été de m’associer à Guillaume et à Sébastien, mais si c’était à refaire, je saurais m’entourer encore plus; j'irais encore plus à la rencontre de gens qui sont déjà passés par là. On n’est pas passés par les incubateurs ou les parcours d’accompagnement. J’aurais aimé avoir cette caisse de résonance là. »
Conseil Desjardins
Comment se préparer à devenir employeur ?
« Un entrepreneur est nécessairement appelé à devenir un employeur à un moment ou à un autre de son parcours », fait remarquer Simon Prévost, directeur principal, Solutions employeurs Desjardins. Pourtant, peu sont préparés à cette transition, de l’avis du spécialiste.
Les entrepreneurs rêvent généralement d’être leur propre patron. « Mais, dès le départ, ils doivent envisager qu’ils deviendront le patron de leurs employés aussi », souligne Simon Prévost. Au-delà des responsabilités et des obligations réglementaires qu’il doit assurer, l’employeur doit désormais attirer et retenir les candidats et candidates dans un marché où ces personnes ont l’embarras du choix.
Alors que les candidats et candidates sont à la recherche d’une entreprise qui partage leurs valeurs, la marque employeur joue un rôle important dans l’attraction des talents. « Soyez assuré que si vous ne définissez pas vous-même votre identité comme employeur, votre personnel et le marché le feront pour vous, et il se pourrait que ça ne soit pas nécessairement le reflet positif que vous espériez », prévient Simon Prévient.
Des moments de vérité
Comme l’entretien d’embauche, l’intégration et l’accueil au sein de l’entreprise représentent l’un de ces moments cruciaux en matière d’expérience employé. La nouvelle personne à intégrer l’équipe est-elle bien accueillie, bien accompagnée ? A-t-elle en main ses outils technologiques pour se sentir en confiance rapidement ? Est-elle dirigée vers les bonnes ressources avec un parcours clair ? A-t-elle un plan de formation ? « Le plan d’intégration n’a pas besoin d’être excessivement élaboré, mais la personne doit sentir qu’elle est attendue et savoir où elle s’en va », indique le spécialiste.
Être un employeur de choix
La bienveillance devrait aussi être au cœur des préoccupations de l’employeur qui cherche à retenir les meilleurs talents, selon Simon Prévost. « Ça veut dire d’offrir des conditions de rémunération globale qui favorisent le bien-être financier, comme l’épargne-retraite, les assurances collectives ou le partage des bénéfices, en fonction de la situation et de la réalité de chaque entreprise », illustre-t-il.
Pour les employeurs d’expérience comme pour ceux qui font leurs premiers dans cet univers, l’accompagnement sur mesure prend tout son sens. « Plutôt que de présenter tout un bouquet de solutions à l’employeur, nous l’aidons à trouver celles qui sont adaptées spécifiquement aux besoins de son entreprise, pour lui permettre d’assurer une saine gestion de son personnel et d’en prendre soin », conclut Simon Prévost.